Dundas s’éveilla tard, une journée libre devant lui. Il était dix heures lorsque, son petit-déjeuner achevé à loisir, il attrapa Billy pour le panser. Il s’occupa ensuite de sa toilette. Un homme soucieux des convenances éprouve une satisfaction profonde à quitter les vêtements de travail, utiles mais désagréablement rudes, pour s’endimancher. Il jouissait d’une intimité protégée par des centaines d’arpents et se doucha à l’air libre, derrière la maison, en s’arrosant avec des seaux d’eau.
La découverte intempestive que, sur les dizaines de cols qu’il possédait, pas un seul n’était propre ne parvint même pas à l’abattre. Il en prit une demi-douzaine et les lava avec un soin méthodique, sifflant doucement en travaillant. Il s’interrompit pour mettre un fer à repasser sur le feu, le seul fer qu’il possédât, et découvrit que cet humble instrument domestique était rouillé sans espoir : un héritage de la gouvernante ivrogne.
Avec un commentaire bien senti sur les habitudes de la dame, il rejeta le fer et emplit d’eau une bouilloire qu’il posa sur le poêle avant de se remettre à sa lessive. Un dernier coup d’œil critique enfin le satisfit. Il chercha un peu d’amidon et le prépara, puis nettoya parfaitement l’extérieur d’une bouteille de bière vide qu’il emplit d’eau bouillante. Il était trop plongé dans son opération pour déceler la moindre trace d’humour dans cette situation et il repassa tranquillement, avec la bouteille, ses cols. Ils faisaient pour la plupart des plis, mais, l’un des six était passable. À la vérité, il ne s’en serait pas contenté jadis ; aujourd’hui, il ressentait quelque vanité à savoir que le produit fini pouvait se comparer, et favorablement, à ceux provenant de la blanchisserie de Glen Cairn.
L’habit fait le moine, certes. Peu de gens auraient reconnu, dans la silhouette élégante habillée d’un blanc immaculé des pieds à la tête, l’homme en salopette et maillot de la veille. Et quand il grimpa dans sa carriole ce matin-là, dix-neuf femmes sur vingt auraient jugé Alan Dundas digne d’un second coup d’œil au moins, bien qu’elles eussent prétendu ne l’avoir même pas remarqué, à leur habitude.
Billy Blue Blazes trotta à sa convenance habituelle sur la route de Glen Cairn, un privilège rarement octroyé ; il en tira le maximum. À trois kilomètres de la ville, Alan croisa Bryce qui allait en voiture chercher l’autre invitée. Ils échangèrent un salut rapide pendant que Billy piaffait et exprimait son opinion sur la traction mécanique d’une façon dépourvue d’ambiguïté. Lorsqu’il eut dételé devant le club, Alan fut reçu à la banque par Doris seule. À l’examen, Doris constata que son plan ne nécessiterait pas un grand effort. Quelle jolie fille dirait « Non » à ces calmes yeux gris ? Quelle fille, à moins d’être insensée, s’écarterait de ce grand garçon plein de santé et de droiture ? Aucun risque, si l’affaire était traitée avec soin, et Doris y était déterminée. Si elle pouvait faire coïncider temps, lieu et occasion, l’homme était là, sans le moindre doute, et elle savait que la jeune fille approchait.
De son siège, sur la véranda, elle railla sa misanthropie. Où était-il la veille ? Pourquoi ne se trouvait-il pas sur le court de tennis pour défendre l’honneur de Glen Cairn contre les hordes pillardes de Ronga venues à la conquête de la coupe du club ? Ce à quoi Alan répondit du même ton. Il craignait les délices capouanes de Glen Cairn. Comment pourrait-il revenir à son foyer solitaire et à ses herbes amères si la ville ruinait à coup de séductions, sa virilité ? À la mention d’herbes amères, Doris gloussa doucement.
– Je suppose, madame, que cet homme misérable qui vous appartient a glosé sur mon ménage. Vous savez qu’il a déjeuné avec moi la semaine dernière ?
– Bien sûr, Alan, et il m’a dit que tu te laissais mourir de faim. Pauvre garçon. J’espère que tu as retrouvé ton appétit.
– Le traître ! Il disait qu’il ne ferait rien pour vous avertir de la catastrophe imminente. Eh bien, s’il reste par ma faute sur sa faim, cela lui servira de leçon.
On entendit une trompe d’auto dans la rue.
– Voici Hector ; il est allé chercher quelqu’un, Alan… Devine…
– Je suis trop paresseux et satisfait pour un effort mental, répondit Alan, puis, après un silence : MacArthur ?
Doris laissa fuser un son qui approchait d’un soupir délicat.
– Je ne suis pas en très bons termes avec Mr MacArthur, dit-elle avec quelque raideur.
– Vous pourriez faire pis, madame. Laissez-lui sa chance.
Son hôtesse le regarda avec un sourire.
– Voici un cas où vous êtes meilleurs que nous, vous, les hommes. Vous vous soutenez toujours, alors même que les femmes emploieraient leurs griffes sans hésitation ni remords. Je me demande d’où cela provient.
Alan eut un rire.
– Parce que nous connaissons nos limites, je suppose, et chacun de nous pense qu’il pourrait avoir besoin du soutien des autres quelque jour. Un homme ne sait jamais, à moins d’être averti, quand il risque de s’écarter du droit chemin.
– Pas toi, Alan, en tout cas.
Dundas secoua la tête.
– Je ne m’avouerais pas heureux d’être différent des autres, mais je suis heureux de n’avoir pas eu encore l’occasion de me fourrer dans les ennuis affrontés par certains.
Du jardin venait un bruit de voix. Ils se levèrent tous deux.
– Venez, jeune Marian. Nous les trouverons sur la véranda.
Ils apparurent au coin de la maison. Bryce salua cordialement Alan, puis désigna d’un mouvement de tête la jeune fille qui l’accompagnait.
– Je t’ai amené un juge, un jury et un exécuteur, Dundas. On m’a dit que tu étais coupable de trahison, de désertion, sans compter quelques autres peccadilles. Il m’est venu aux oreilles que tu avais été acheté par le Ronga Club pour ne pas jouer hier.
Alan saisit la main ferme qu’on lui tendait.
– J’ai déjà été exécuté par Mrs Doris, Miss Seymour ; vous ne pouvez pas me punir une deuxième fois pour le même délit.
La jeune fille sourit en occupant le siège qu’il lui avançait.
– Je n’en sais pas beaucoup sur ce point. Vous auriez perdu autant de fois la vie qu’un chat si nous avions été battus hier. Par bonheur, nous nous en sommes tirés sans vous. Quelle excuse pouvez-vous offrir ?
– L’héritage d’Ève seul… le travail, répondit-il.
– Chère Doris, dit Marian, l’excuse n’est-elle pas aussi détestable que le délit ? Elle implique en outre une mauvaise pensée envers notre sexe et une prétention au droit de travailler alors que nous voulions le voir jouer.
Elle se leva.
– Coupable sur tous les chefs, et renvoyé à une audience ultérieure pour la sentence… jusqu’à ce que je trouve quelque chose d’assez désagréable pour convenir au crime.
En vérité, elle avait grande allure, ainsi dressée. La vie libre et au grand air de la campagne avait modelé sa silhouette à la perfection. Le soleil n’avait fait que teinter le bronze clair de sa peau… une peau si fine qu’on croyait voir le sang affluer à ses joues. L’ombre qui soulignait ses grands yeux bruns en avivait le brillant. Les mouvements gracieux du jeune corps souple et le maintien de la tête délicate dénotaient santé et vitalité.
Cette beauté n’était pas de celles qui proviennent de la faiblesse, mais de la force superbe. Son regard clair et assuré montrait cet éclat intrépide qui va de pair avec la pureté… un éclat que reconnaît d’instinct tout homme, et devant lequel il s’incline. Pas la moindre trace de faiblesse sur l’ourlet des lèvres rouges ; plutôt ce rien de fermeté qui montre que l’on sera prêt à affronter n’importe quelle crise. Et par-dessus tout cela, elle était essentiellement féminine, et séduisante. Ainsi pensait Dundas, à l’examiner pendant qu’elle le regardait de haut avec une sévérité simulée.
– Alors, dit-il en riant, je ne peux que m’en remettre à la merci de la cour. Accordez-moi le pardon, Miss Seymour.
Elle le considéra, un rire dans les yeux, et se retourna vers Doris.
– Je doute que la sévérité puisse avoir le moindre effet durable dans ce cas. Peut-être devrions-nous user de la clémence…
Puis, à Dundas :
– Affaire classée. J’espère ne plus vous revoir ici… N’est-ce pas ainsi que s’exprime mon père au tribunal ?
Bryce gloussa.
– Déplaisante erreur judiciaire. Voilà tout ce que c’est, Doris. Avant d’arriver ici, même son scalp sanglant ne l’aurait pas satisfaite. À présent, le voici pardonné. C’est un peu gros.
– Selon tes propres mots, Bryce, dit Alan, le pardon allait de soi. La qualité de ce pardon n’est pas une entorse à la loi. Pourquoi ? Parce que c’est un peu gros.
Doris se leva.
– Venez enlever votre chapeau, Marian. Un régime prolongé à base d’œufs a affecté son esprit. Il est absolument indigne de nous.
Abandonnés à eux-mêmes, Bryce et Alan se lancèrent dans un dialogue qui glissa de la politique aux nouvelles de la ville et du district, de là au sujet absorbant de la vigne et de la récolte.
– Comment va ton abreuvoir ? demanda Bryce un moment plus tard.
Dundas s’attendait à la question et, avec une insouciance élaborée, répondit brièvement qu’il avait heurté la roche et abandonné son entreprise.
– Je construis une grange sur l’emplacement, comme un monument élevé à mon énergie si mal placée, continua-t-il. J’étais si occupé par la bâtisse que j’ai oublié de venir en ville hier.
Bryce secoua la tête.
– Tu vas t’épuiser, Dun. Tu devrais avoir quelqu’un pour veiller sur toi… Étrange, reprit-il d’un air songeur. Je ne pensais pas qu’il y ait un seul rocher sur cette propriété. C’est plutôt rare, par ici.
– Ça n’a pas été une surprise agréable, répondit Alan en faisant la grimace. J’y ai laissé cinq centimètres de la pointe de mon pic, et le choc m’a presque décroché les bras.
– À quoi ressemble-t-il, Alan ? Peut-être est-il aurifère, dit Bryce, intéressé.
– Aucun espoir, répondit Dundas, désireux de laisser tomber le sujet. C’est plutôt du granit. Je vais te dire, Hec… si tu peux trouver quelqu’un pour prospecter, j’abandonnerai tous mes droits miniers, à condition qu’on me laisse le trou que j’ai déjà fait.
– Cela ne m’a pas l’air d’une proposition bien alléchante. Je ne crois pas pouvoir réunir un capital.
– Hector ! Alan !
C’était la voix de Doris.
– Si vous tenez à manger, vous feriez mieux de vous présenter !
Plus tard, quand ils se retrouvèrent en paix, l’un avec sa pipe et l’autre un cigare, Alan plaça enfin la question pour laquelle il avait tranquillement manœuvré.
– Peux-tu me dire, Hec, si on a jamais commencé l’érection d’un grand bâtiment à Cootamundra ?
Bryce réfléchit un moment.
– Eh bien, je pense connaître tout ce qui a été entrepris d’important pour le développement du pays. Ta ferme était à l’origine une annexe lointaine de l’ancien lotissement de Glen Cairn. Cameron, le premier propriétaire, l’a construite d’abord sous la forme d’une hutte pour les cavaliers frontaliers ; elle a été agrandie plus tard par celui qui a planté le vignoble lorsque Cameron a eu des ennuis et qu’on a découpé le lotissement. Je connais Cootamundra depuis quarante ans, et je suis certain que, en dehors du bâtiment actuel, rien de semblable n’a jamais été construit dans le coin. Pourquoi me demandes-tu cela ?
– Oh, pour rien, répondit Dundas, en choisissant ses mots. De temps à autre, il m’a semblé trouver des traces de fondations près de la maison. Je suppose que ce sont des accidents superficiels du sol.
– Ton prédécesseur avait l’habitude de labourer de grandes étendues quand cela le prenait, et les marques d’un soc restent longtemps sur ce genre de terrain, dit Bryce.
Alan faillit se laisser aller à tout raconter à Bryce, mais l’orgueil du découvreur et le désir de faire tout seul les recherches intervenant, l’occasion passa… une occasion qui ne se renouvela pas. Et ainsi la discussion se poursuivit calmement sur d’autres sujets jusqu’à ce que Doris et Marian les rejoignent.
Ce qui occupa l’attention de Bryce jusqu’à la fin de la journée, à l’exclusion de tout le reste, fut l’étrange comportement de sa femme. Comme spectateur, il pensait qu’il aurait dû saisir l’essentiel du jeu, or, même en connaissant les règles – ou en croyant les connaître – il se trouva qu’il n’y entendait rien.
Lorsque Marian revint sur scène, il se préparait avec joie à laisser le champ libre à Dundas quand, à sa grande surprise, il découvrit que chacune de ses tentatives dans ce sens était clairement contrée par son épouse excentrique. Il crut d’abord se méprendre mais à la suite d’une attention louable bien qu’un peu trop visible, il reçut de Doris un « sans-fil » rapide et péremptoire qui le fit renoncer à toute intervention.
À partir de là, il observa ses manœuvres avec une stupéfaction amusée. Il était visible à l’esprit le plus obtus qu’Alan tout comme Marian auraient préféré se retrouver sans témoins, et Bryce apprécia au plus haut point les efforts diplomatiques mais persistants d’Alan pour «chasser » leur hôtesse trop attentive, ainsi que le mépris, apparemment inconscient, de Doris sur ce point. Une fois, par pure malice, Bryce dit à Doris qu’il était certain que ni Marian ni Alan ne verraient d’inconvénient à ce qu’elle pratique sa sieste habituelle. À quoi elle rétorqua avec duplicité que, si elle dormait dans l’après-midi, elle ne fermerait pas l’œil de la nuit, et le regard voilé qu’elle lança en direction d’Hector indiquait en outre que lui non plus, alors, ne dormirait pas. Alan était trop respectueux pour s’offusquer de l’incompréhension insolite de Doris, mais, bien qu’il prévît l’orage subséquent, Hector fit de son mieux pour leur ménager quelques minutes d’aparté. Il fut enfin soulagé d’annoncer un ennui mécanique imaginaire survenu à sa voiture reportant sur Alan la responsabilité de reconduire Marian saine et sauve chez elle.
Il était presque dix heures quand Dundas amena Billy B. B., renâclant, devant la porte de la banque de Bryce, et Marian fit ses adieux en hâte, car Billy n’était jamais d’humeur, lorsqu’il s’agissait de rentrer, à rester deux secondes consécutives sur ses quatre pattes.
Ils regardèrent diminuer les lumières de la carriole quelques minutes avant de revenir dans la maison. Doris se mit à reclasser quelques partitions qui traînaient, cependant que Bryce, allongé sur une chaise longue, l’observait pensivement. Enfin, elle parut s’apercevoir de cet examen.
– À quoi penses-tu, Hec ? demanda-t-elle.
– Ce n’est pas ce à quoi je pense, chérie, c’est ce à quoi tu penses qui me rend songeur, répondit son mari.
Doris termina son rangement et se laissa aller dans un fauteuil ; et Bryce, après avoir placé un coussin sous sa tête, resta debout devant elle, jambes écartées, mains dans les poches.
– Et maintenant, ma chère Dame, j’attends des explications ; des tas d’explications.
Doris levait vers lui des yeux égayés par un lent sourire plein de souvenirs ; il s’acheva sur un léger gloussement.
– Ne sont-ils pas adorables, Hec ? Les chers enfants ! Je suis sûre qu’Alan avait envie de me battre, ne crois-tu pas ?
– Parbleu, Doris, je m’émerveille de sa maîtrise ! Écoute-moi !
Ici, il agita un index menaçant.
– Si tu ne m’expliques pas sans tarder ta conduite scandaleuse, j’agirai pour le compte d’Alan et te battrai moi-même jusqu’à ce que tu te décides à parler !
– La violence est inutile, Hec, dit-elle en riant doucement. J’ai compris ce matin, vois-tu, que si je les laissais seuls ensemble, Alan se contenterait de prendre les choses comme elles viendraient et les laisserait lui échapper. Tu sais que je ne me fie pas tout à fait à lui.
Là, elle s’arrêta, pensive.
– Et alors ? insista Bryce.
– Alors, reprit-elle, je les ai tourmentés en ne leur accordant pas une occasion parce que… eh bien, imagine que tu agites quelque chose au nez d’un enfant, juste au-delà de son atteinte, puis l’abandonne à portée un moment… il y a de fortes chances pour que cet enfant l’attrape dès qu’il en aura l’occasion.
Un nouveau silence.
– Ce qui veut dire ? demanda Hector sur qui l’aube se levait.
– Euh, voici un bel homme qui subit le supplice de Tantale devant une belle fille, voici une carriole au siège étroit, voici un merveilleux clair de lune… alors si l’homme ne saisit pas… Eh bien, c’est que je ne connais rien à rien. Oh ! le monstre !…
Bryce avait tendu les bras et l’étreignait du même mouvement.
– Hec, lâche-moi !
Il retourna à son fauteuil, la maintenant serrée contre lui jusqu’à ce qu’elle abandonne la lutte.
– Seras-tu gentille ? demanda-t-il.
– Comme un ange, répondit-elle, la tête sur son épaule.
– Selon moi, Doris, tu es une scandaleuse petite intrigante. Grands Dieux ! Quel espoir peut-il rester à un homme devant ce genre de chose ?
– Penses-tu que cela va marcher, Hec ? demanda-t-elle en lui passant la main dans le cou.
– Peut-être… et ce ne sera pas ta faute si ça rate, petit diable ! La seule chose qui puisse s’y opposer est que tu n’as pas tenu compte de Billy. C’est un animal plein de droiture, quoi qu’on puisse dire contre lui, et je doute qu’il permette que son maître soit victime de ta machination.
– Hum… cher garçon… il faudrait un cheval plus sauvage que Billy pour arrêter un homme décidé à parvenir à ses fins.
– Dis donc, Doris, j’aimerais savoir… sommes-nous tous traités de la même manière ? Est-ce que vous êtes, toi et tes pareilles, la destinée qui donne forme à notre fin matrimoniale ? Tu sais, il y a de quoi rendre nerveux… Je n’avais jamais imaginé une telle duplicité. En ce qui me concerne, par exemple ?…
Elle le regarda, les yeux brillants, et sourit avec tendresse.
– Oh, toi… eh bien, Hec, les cas particuliers requièrent un traitement particulier. J’ai lu quelque part que les naturels, quand ils veulent attraper certains oiseaux très craintifs, se contentent de faire quelque chose pour attirer leur attention et leur curiosité. Puis, quand l’oiseau vient se rendre compte, ils avancent simplement la main et s’en emparent. Si l’oiseau en vaut la peine, cela va sans dire.
– Ah, je vois… je vois… Il ne me revient pas en mémoire une tactique analogue en ce qui nous concerne, Doris ; je m’en souviendrais, parce que j’ai lu aussi quelque part que la méthode adoptée par lesdits naturels est de s’étendre sur le dos et de frétiller des orteils. Donc, si tu avais fait cela…
Il s’ensuivit une brève lutte, une main douce lui referma la bouche et le reste n’a pas d’intérêt pour des étrangers.