V
 

– Grandes occupations. – Incendie. – Le coffre est entamé. – Félix éteint le feu. — Les patates brûlées. – Les coquilles de Saint-Jacques. – Heureuse découverte. – Félix a des outils. – Bonne chasse de Castor. – Entrée dans la caverne. – L'orage. – Le coffre dépecé. – Nouvelles trouvailles. – L'orage a presque détruit la cabane. – Changement de domicile.

 

Le lendemain, à mon réveil, j’avais tant de choses à faire que je ne savais par où commencer. Je me mis d’abord à traire ma chèvre, et je partageai son lait avec mon bon Castor. De là, j’allai sur le rivage à la recherche des œufs de tortue. Je jeûnais depuis longtemps, et j’avais envie de me dédommager ! j’en trouvai une demi-douzaine. J’avais encore des pommes de terre dans ma cabane ; j’allumai un bon feu et je les fis rôtir ; je mis aussi les œufs dans les cendres, et me préparai un dîner fortifiant. J’étais cependant moins occupé de ce que je faisais que du projet de retourner bientôt au lieu où je voulais établir ma demeure pour l’hiver. Au moyen du feu, j’espérais me frayer un passage pour entrer dans la caverne. Le coffre que j’avais trouvé m’occupait aussi beaucoup ; je me creusais la tête pour imaginer comment je pourrais l’ouvrir ; je voulais deviner ce qu’il pouvait contenir, et je me perdais dans mes conjectures. « Si c’étaient des habits, me disais-je, ils viendraient bien à propos ; bientôt les miens vont tomber en lambeaux, et si je suis nu je ne pourrai supporter l’ardeur du soleil. Si j’y trouvais des armes, je pourrais tuer des oiseaux, et beaucoup de ces espèces de lièvres qui m’ont déjà fourni d’aussi bons rôtis ; je suis toujours bien sûr qu’il y a dans ce coffre des choses qui me seraient fort utiles ; n’est-il pas malheureux que je ne puisse m’en rendre maître ? »