QUERELLE

Pourquoi me demander – ô Gulnar – quel jour s’est incendié mon cœur, puisqu’aujourd’hui mon cœur n’est plus que cendres dispersées ?

Pourquoi me demander – ô Gulnar – quel jour nos sourires se sont parlés, puisqu’aujourd’hui le Lapidé lui-même n’aurait pas le pouvoir de confesser mes lèvres ?

Pourquoi me demander – ô Gulnar – quel jour mes pas foulèrent le sol sans frôler la fourmi, puisqu’aujourd’hui mon pied souhaiterait d’écraser tout ce qui respire ?

Et pourquoi demander – ô Gulnar – quel jour mon âme a fleuri puisque tes doigts ont jeté au vent la rose épanouie ?

Et toi me diras-tu – ô Mahmoud – quel jour Aïcha m’a dérobé un battement de ton cœur ?

Me diras-tu – ô Mahmoud – quel jour Aïcha reçut le choc de ton sourire complice ?

Me diras-tu quel jour tes pas t’ont d’eux-mêmes porté vers la fontaine d’El Latif ?

Et me diras-tu – ô Mahmoud – quel jour ton âme a tressailli devant Aïcha, penchée sur la source fraîche ?

Mais que sert de souder ensemble les chaînons du supplice ?

Rassure-toi – ô Pervers – ce soir tu pourras caresser sans forfait la joue de ton Impudique, car, j’en fais le serment sur le Lotus de la Limite, mes larmes plus jamais n’altèreront l’eau limpide de la source abhorrée.

Ces paroles dites, leurs regards se mêlèrent et ce fut à nouveau une matinée d’été.