CHAPITRE LXXVIII

 

À la ferme, un événement des plus dramatiques venait de se passer. Pendant que Mazurier, remonté à l’observatoire des policiers, leur faisait part, ainsi qu’au vieux berger, des dernières nouvelles, une voiture dont, à cette distance de la route, ils n’auraient pu percevoir le roulement s’arrêta devant la porte de la ferme.

Une dame âgée descendit du véhicule avec l’aide du cocher. Le désespoir, l’angoisse, se voyaient sur son visage. Elle entra chez les Mazurier et s’affaissa sur une chaise de la première pièce. Léonie Mazurier accourut de la pièce voisine. L’inconnue se leva et salua.

– Vous êtes, demanda-t-elle, au service de monsieur Boizard ?

– Oui, Madame. Asseyez-vous.

– Monsieur Boizard est-il chez lui ?

– Oui, répondit Léonie, à qui son mari n’avait encore rien révélé pour lui épargner des émotions inutiles.

Cette affirmation parut soulager l’inconnue qui demanda à voir tout de suite le propriétaire du château.

Léonie, ne pouvant prendre aucune décision sans son mari, répondit :

– Monsieur Boizard est sorti, mais il va rentrer dans un instant. Vous pouvez l’attendre ici ?

– Attendre ! Attendre encore ! soupira l’inconnue. Madame Boizard est-elle ici ?

– Elle n’a voulu recevoir aucune visite depuis son arrivée. Plusieurs dames du pays tenaient à lui souhaiter la bienvenue. Elle a refusé de les accueillir et m’a donné l’ordre de ne laisser entrer personne à la ferme sans le consentement de son mari.

– C’est étrange ! bien étrange ! fit l’inconnue.

« Au fait, reprit-elle, pourquoi ne m’adresserais-je pas à vous tout d’abord, avant de parler à monsieur Boizard. J’ai un fils, un seul, il m’a quittée, il y a plusieurs jours, en me promettant de m’envoyer une dépêche aussitôt arrivé à destination. Il devait se rendre ici, dans l’espoir que monsieur Boizard, qu’il a soigné et guéri, l’aiderait à se tirer d’un embarras d’argent.

Désireuse d’abréger les tortures de cette malheureuse femme, Léonie s’empressa de lui demander le nom de son fils.

– Pierre Vignol, répondit-elle.

– Tranquillisez-vous, Madame, votre fils est venu ici. Monsieur Boizard l’a reçu et l’a reconduit lui-même en voiture à Cherbourg.

– Quel jour ?

– Le matin même de son arrivée.

– Mais alors, pourquoi Pierre ne m’a-t-il pas écrit ? Il n’aura pas réussi dans sa démarche. Je redoute tout de son désespoir.

À ce moment, Léonie entendit les pas lourds de Mazurier qui descendait l’escalier.

– Voici mon mari qui revient, dit-elle. Il va vous présenter tout de suite à monsieur Boizard.

Soudain, Mme Vignol poussa un cri déchirant.

– Elle ! ici ! C’est elle qui m’a enlevé mon fils !

Par la fenêtre garnie de rideaux de mousseline à demi relevés, la veuve venait d’apercevoir en face le pâle visage d’Andréa qui, restée dans la pièce voisine de la salle à manger, au rez-de-chaussée, attendait le retour de Luversan et jetait des regards inquiets sur la cour de la ferme.

La surprise, l’émotion, la joie rendirent à la mère de Pierre Vignol toute son énergie et toute sa force.

– Andréa ! c’est moi, c’est ta nourrice ! Ouvre, mon enfant.

Là-haut, Pivolot, lorgnette en main, s’écria :

– La mère Vignol ! Ah ! mes enfants, ça se corse. Mais, croyez-moi laissons-les patauger dans leur mare. Nous les y pêcherons tous ensemble d’un seul coup de filet.

Cependant, Andréa avait ouvert la fenêtre. La veuve l’embrassait avec effusion, disant :

– Il est ici, n’est-ce pas ? Tu me l’as pris. C’est mal, mais je te pardonne.

Andréa ne comprit pas tout d’abord. Soudain, la lumière se fit dans son esprit.

– C’est ton fils que tu me demandes ? dit-elle à sa nourrice. Il n’est pas venu ici.

– Tu mens ! Ta concierge m’a menti. Pierre est venu et c’est toi qui le caches.

Telle était l’exaltation des deux femmes qu’elles ne s’aperçurent pas que le vieux Mazurier les observait dans un angle de la cour.

– Que t’a dit la concierge ? demanda Andréa.

La veuve lui répéta mot pour mot les explications de Léonie. En apprenant que Pierre Vignol était réellement venu au château des Mouettes et y avait été reçu par Luversan, Andréa ne put réprimer ce cri :

– Il l’a tué ! s’il te voit, il te tuera. Fuyons !

C’en était fait de la raison d’Andréa. Elle enjamba la balustrade de la fenêtre, sauta dans la cour et chercha à entraîner hors de la ferme sa nourrice. Mais la veuve, dont la douleur décuplait les forces, s’accrocha à la robe d’Andréa et l’obligea à revenir sur ses pas.

– Mon fils ! criait-elle. Je veux mon fils !

Devant cette scène tragique, le père Mazurier ne se sentit pas le courage de rester plus longtemps dans l’attente et l’inaction. Il tira de sa poche son revolver et, s’avançant vers le palier de la salle à manger :

– Rendez-vous ou je vous tue sur place ! cria-t-il à Luversan.

Il essaya d’ouvrir la porte, vit qu’elle était fermée de l’intérieur à double tour, essaya vainement de l’enfoncer et appela tout son monde à la rescousse.

– Eh ! là-haut, disait-il, descendez. Le loup est pris, gare aux fenêtres. Tirez dessus, s’il prend le large.

Dans la cour, Andréa, tout à fait folle, dansait, riait, chantait. La mère de Pierre Vignol ne savait que répéter ces mots : « Mon fils ! » En voyant accourir trois autres individus armés, elle perdit connaissance et s’affaissa sur le sol.

Par une fatale coïncidence, Luversan et Célestin remontaient du souterrain au moment où Mazurier frappait avec violence à la porte du palier et faisait ses sommations.

– Nous sommes perdus ! dit le Levantin. Vite en besogne, s’il est encore temps !

Il remit en place les planches du bahut, fit entrer Célestin sous la dernière, à plat ventre, se coula de même auprès de lui, referma de l’intérieur la porte du meuble, poussa le ressort. Aussitôt redescendu dans la galerie, Luversan fit remonter l’ascenseur et dit :

– Avant qu’ils n’aient trouvé cette machine, nous aurons peut-être pu déménager d’ici avec nos millions.

Dans la galerie, sous une grosse pierre, il prit une énorme clé qu’il introduisit dans la serrure. Le grincement du fer retentit lugubrement. À peine la porte fut-elle ouverte qu’une odeur cadavérique se dégagea de l’intérieur du caveau. Célestin faillit tomber à la renverse.

– On ne peut s’étonner de rien, dit-il, mais on ne peut pourtant pas échapper à l’asphyxie dans ces conditions-là.

– Patience ! cela va se dissiper et nous entrerons.

Au bout de deux ou trois minutes, les gaz méphitiques diminuèrent d’intensité. Luversan s’engagea le premier dans le caveau. Célestin l’y suivit. Spectacle terrifiant : le sol, en terre battue, s’était soulevé contre la muraille, mettant à découvert le haut du cadavre d’un jeune homme dont on ne voyait que le visage convulsé et les bras crispés.

– Si tu tiens à ta chienne de vie, lui dit Luversan, tais-toi. Nous sommes ici sous la tourelle et, là-haut, des oreilles fines comme celles de ces maudits policiers dont j’ai reconnu la voix, pourraient entendre ton cri de chouette étranglée dans son nid. J’ai besoin d’un aide qui ait du sang-froid, qui ne se trouve pas mal à la vue d’un cadavre. Aide-moi à cacher celui-ci.

Célestin recula près de la porte.

– Non !… Non !… disait-il.

Luversan repoussa la terre par-dessus le cadavre et la piétina avec rage. Puis, pour détruire les empreintes de ses bottines, il fit rouler à plusieurs reprises l’un des barils sur le sol en appuyant fortement.

Célestin tressaillit d’horreur en voyant le bandit renouveler ces précautions à un autre point du caveau où se voyaient également les empreintes de ses pas. « Il y a ici deux cadavres », se dit-il.

Luversan, revolver en main, lui enjoignit de pousser l’un des barils dans la galerie. Lui-même partit en avant avec l’autre baril.

Arrivé au second caveau, le bandit joua de la bêche, et dès qu’un des vases remplis d’or leur apparut, il ordonna à son jeune complice d’y puiser le précieux métal et d’en remplir son baril. En manipulant sans aucun enthousiasme l’or de la famille Boizard, Célestin se traçait un plan de campagne.

Quand ils eurent achevé de remplir les barils, Luversan, toujours armé de son revolver, sortit du caveau et fit signe à Célestin de le suivre. Arrivé au fond de la galerie, près des piliers supportant le haut bâtiment des ruines, Luversan s’arrêta et invita son compagnon à transporter ces matériaux un peu plus loin.

Cette besogne ne leur prit pas moins d’un quart d’heure durant lequel le Levantin écoutait avec inquiétude si l’ennemi n’arrivait pas du fond de la galerie. Après quoi, Luversan fouilla le sol à grands coups de bêche et mit à découvert une trappe en fer munie d’un anneau. Il souleva la lourde plaque et descendit dans les profondeurs par un escalier également en fer. Célestin fit comme lui. En quinze échelons, ils se trouvèrent dans une autre galerie plus étroite que la première, mais conduisant en ligne droite dans la direction du nord-ouest. Soudain, Luversan s’arrêta et penchant sa lanterne sur la droite, fit voir à Célestin une ouverture latérale que ce dernier n’avait pas remarquée.

– Si nous avions été poursuivis, dit-il, nous n’aurions plus eu qu’une ressource : précipiter les barils dans cet ancien puits qui mesure plus de soixante mètres de profondeur et où personne n’aurait l’idée d’aller chercher un trésor.

Ce disant, le Levantin, penché au-dessus du puits, sa lanterne à la main, en faisait un nouvel examen.

Prompt comme l’éclair, Célestin, profitant d’une occasion si favorable pour en finir avec le bandit, lui porta un violent coup de tête dans le dos. Luversan tomba en avant et bascula. Aussi souple qu’un tigre, il parvint à s’arc-bouter dans l’étroit orifice et, se retournant d’un coup de reins, tenta de s’accrocher au rebord extérieur du puits. Mais Célestin ne perdit pas de temps. Il repoussa le misérable qui, forcé de lâcher prise, tomba dans l’abîme en poussant une dernière imprécation.

– Soixante mètres de profondeur ! cria Célestin ; c’est toi qui l’as dit. Si tu en réchappes, oh ! alors, il faudra renoncer à se débarrasser de ta personne.

Comme il s’éloignait du puits, en marchant à tâtons du côté de la caverne, une détonation retentit. C’était Luversan, qui, du fond du gouffre, tirait un coup de revolver. La balle frappa le haut de la voûte, et rebondissant par ricochets, contusionna légèrement Célestin à l’épaule.

– Bien tiré ! fit le gamin de Paris.

Par prudence, il s’avança de quelques pas et attendit la suite. Au bout de deux minutes, n’entendant aucune nouvelle détonation : « Allons ! se dit-il, si le gaillard n’était pas un peu fracassé, il aurait déchargé son revolver coup sur coup. C’était le dernier sifflement de la vipère ; morte la bête, morte le venin, comme disait Sancho Pança. C’est le père Laroque qui va être content ! Il l’a bien mérité, le pauvre vieux. » Et, malgré l’obscurité profonde, il parvint à regagner la caverne.

Pour la première fois de sa vie, Luversan n’avait pas menti : sortir de cet antre naturel, en se glissant entre les racines, dans le creux d’un chêne deux fois centenaire était chose assez simple pour un individu habitué aux difficultés de l’existence. Dans le bois, Célestin marcha au hasard, prêt à se livrer au premier gendarme venu.

Il réussit à gagner la campagne, et enfin les hautes falaises qui, entre Auderville et Omonville, forment une sorte de dos-d’âne, du haut duquel on aperçoit la mer de toutes parts. Là, épuisé de fatigue, il s’arrêta. C’était miracle qu’il n’eût rencontré âme qui vive sur la route.

Au bord de la falaise, il trouva un abri naturel dans une anfractuosité de roche et s’y blottit. Il songea à la vie tranquille. Hélas ! personne ne pouvait venir au secours de ce désespéré qui avait sombré dans l’abîme du crime.

La mer s’était retirée. Au lever du jour, la nuit porte conseil, il s’assit sur une roche en saillie, et tira de son portefeuille un crayon, du papier et une enveloppe. Prévenir Roger Laroque, tel était son devoir. Il écrivit la lettre suivante :

« Monsieur,

« Vous ne me connaissez pas, et pourtant je vous ai fait beaucoup de mal. C’est moi qui me suis présenté à la villa Larouette, en prenant le nom d’Isidore Dondaine, le neveu de votre servante. Cette brave femme m’a donné l’hospitalité la nuit à l’insu des agents de police qui gardaient le prisonnier.

« J’étais pauvre, à bout de ressources, je sortais de prison, et comme personne n’aurait voulu me donner du travail, comme je n’étais pas assez courageux pour lutter contre la misère, j’avais accepté, moyennant une grosse somme, de favoriser l’évasion de Luversan. J’avais neuf chances sur dix d’échouer ; la fatalité a voulu que je réussisse malgré les agents, malgré les dangers d’une entreprise au-dessus de mes forces.

« Décidé à partir en Amérique, je m’embarquai sur le Veloce, en port du Havre. J’avais caché dans ma ceinture le bénéfice de mon exécrable action, et j’étais parvenu à me faire embaucher par une agence d’émigration qui envoie des colons et des ouvriers à Buenos Aires. Le Veloce quitta le port par un temps calme, vers dix heures du soir. Quatre heures après, une tempête se déclara soudain et notre navire complètement désemparé par les coups de vent, coula à pic.

« Je m’étais accroché à une épave, mais bientôt je lâchai prise. Une vague énorme m’emporta et me rejeta sur la plage, entre Pénitot et la Diélette. J’eus le malheur de survivre à mes blessures. Des pêcheurs, les Cahue, me recueillirent dans leur cabane, me firent soigner par le docteur Durieu.

« Complètement guéri, l’idée me vint de rester dans cette contrée où, pour la première fois de ma vie, j’avais trouvé des amis. On me conseilla d’aller demander du travail à un propriétaire d’Auderville, M. Boizard qui, après avoir vécu à l’étranger, revenait, disait-on, se fixer à son château.

« Je me rendis à Auderville où je fus reçu au château par une femme. Jugez de ma stupéfaction en reconnaissant dans la fausse Mme Boizard, Mme de Terrenoire, complice de Luversan. J’avais connu cette femme au parloir d’une prison où elle venait visiter, comme dame patronnesse, les détenus orphelins. J’avais eu la fatale idée, lors de ma libération, d’aller lui demander à son hôtel de la rue de Chanaleilles, de s’occuper de moi.

Elle cherchait quelqu’un pour sauver son amant : elle me trouva. J’acceptai l’horrible pacte, et grisé par l’espoir d’une fortune, je le remplis jusqu’au bout, sans en calculer les conséquences. J’aurais dû me dire que Luversan libre chercherait de nouvelles ressources dans l’assassinat et le vol, que je deviendrais complice de ses crimes.

« Une fois en présence de la Terrenoire, je lui dissimulai l’horreur qu’elle m’inspirait. Elle m’engagea comme domestique du château en me promettant de faire ma fortune. Quelques instants après, Luversan me dictait lui-même ses conditions. Je dissimulai encore.

« Le bandit crut avoir trouvé en moi l’aide dont il avait besoin. Il me fit descendre avec lui, par une trappe cachée, sous le grand bahut de la salle à manger, dans les souterrains de la ferme. Il me montra dans un caveau le trésor de la famille Boizard : trois millions, disait-il, en pièces d’or, en bijoux et pierres précieuses.

« Je lui promis, sur sa demande, de lui procurer une barque pour passer ces richesses en Angleterre où il voulait s’enfuir la nuit même avec moi. Il redoutait d’être arrêté d’un instant à l’autre, à cause d’une visite qu’il avait reçue récemment. Nous fîmes nos conventions et nous remontâmes dans la ferme. À ce moment, on frappait à la porte de la salle à manger et on criait à Luversan de se rendre.

« Nous redescendîmes précipitamment dans le souterrain. Luversan me fit entrer dans un caveau pour y prendre les instruments nécessaires au transport du butin. Là, je vis un épouvantable spectacle. Dans ce caveau, Luversan a enterré encore vivante, l’une de ses nouvelles victimes, un jeune homme dont le haut du cadavre sortait de terre. Le bandit a, sous mes yeux, refait sa fosse en piétinant dessus. Tout me porte à croire que vous trouverez un second cadavre dans ce caveau.

« Quant au bandit, sachant bien qu’il me tuerait dès qu’il n’aurait plus besoin de moi, je l’ai précipité dans un ancien puits situé au fond d’un deuxième souterrain dont vous trouverez l’entrée près des piliers du haut bâtiment des ruines.

« J’ai gagné la campagne par la dernière issue qui donne dans une grotte, au-dessous d’un bois.

« Quand on trouvera cette lettre dans mon portefeuille, j’aurai cessé de vivre.

« Pardonnez-moi, Monsieur, tout le mal que je vous ai fait.

« CÉLESTIN DAMOUR. »

Célestin mit la lettre sous enveloppe et inscrivit l’adresse suivante : « M. le Procureur de la République à Cherbourg, pour remettre à M. Roger Laroque. »

Il retira de son portefeuille ses papiers et ses billets de banque qu’il déchira et dont il jeta les débris au vent. Il y mit la lettre, retira sa jaquette, la déposa sur le sable, et posa par-dessus le portefeuille maintenu par une lourde pierre. Il était certain que les pêcheurs d’équilles ne tarderaient pas à trouver ces objets en venant au travail.

Cela fait, d’un pas rapide, il longea les hautes falaises. Après deux heures de marche, il gagna une chaîne de rochers qui s’avancent en ligne droite jusque dans la mer. Arrivé au bout de ces récifs, il jeta un dernier coup d’œil tout autour de lui et, les bras en avant, se laissa couler au fond de l’eau.

Célestin savait qu’en cet endroit la mer ne rend jamais sa proie. Les pêcheurs lui avaient montré le gouffre en disant : « Malheur à celui qui aurait l’idée de se baigner ici ! La pieuvre le saisirait avec ses tentacules et, après lui avoir sucé le sang de son corps, ne rendrait à terre qu’un hideux squelette. »