5
Le nid

I

Certains jours de novembre en Angleterre sont parfois d’une beauté émouvante et pleine de cette mélancolie de l’année qui s’achève et de l’hiver tout proche. L’automne sourit encore avec douceur et bienveillance, caressant les dernières feuilles rougies qui s’attardent sur les arbres, avivant tout le paysage d’un pinceau coloré. Le ciel est de ce bleu pâle et transparent couleur d’aigue-marine et qui s’estompe lentement dans la brume de midi. Au crépuscule, les oiseaux perchés dans les arbres dénudés font entendre leur chant léger. Le soleil met une touche d’or sur toute chose et se joint à cette mystification joyeuse qui veut faire croire que l’hiver est encore très loin.

C’est précisément par une de ces merveilleuses journées de novembre 1793 que Lady Anthony Dewhurst, assise devant un secrétaire dans le salon de Combwich Hall, écrivait à son amie Lady Blakeney. La jeune femme essayait de traduire dans une lettre toutes les sensations de son cœur débordant d’amour, de bonheur, de reconnaissance.

Trois jours entiers s’étaient écoulés depuis ce matin extraordinaire où à l’aube, devant deux ou trois intimes, dans une vieille petite église à peine éclairée, elle avait donné sa foi et juré obéissance à l’homme que son cœur avait choisi et tout cela au moment même où, grâce à une petite conspiration dans laquelle avait trempé Son Altesse Royale elle-même, son père était retenu au bal.

Depuis l’instant où, après la seconde cérémonie à l’église catholique, elle s’était retrouvée dans la voiture, blottie dans les bras puissants et tendres de son cher époux et qu’elle avait senti ses lèvres se poser sur les siennes dans un premier baiser qui avait été comme le sceau suprême de leur union, tout n’avait été qu’un enchantement continuel, jusqu’à cette minute où elle avait suivi du regard la haute et élégante silhouette de Lord Tony qui s’éloignait rapidement, à travers une allée du parc jusqu’à la grille d’entrée, au-devant du duc de Kernogan, non sans s’être retourné plusieurs fois vers la fenêtre où il était sûr de la voir.

Pas la moindre note discordante n’était venue interrompre sa félicité, car même son père, dont elle avait craint le courroux et l’intransigeance, s’était montré bon et compréhensif, au point que des larmes de honte noyaient ses yeux chaque fois qu’elle y pensait.

Dès son arrivée à Combwich Hall, elle lui avait écrit une longue lettre, implorant son pardon pour sa conduite qui l’avait certainement profondément déçu et peiné. Elle y avait plaidé son droit au bonheur, son droit d’aimer suivant son choix et d’être aimée, celui d’avoir une maison dont l’adoration de son mari ferait un paradis.

Yvonne avait fait porter cette lettre à son père qui lui envoya sa réponse le lendemain. Elle l’avait ouverte avec des mains tremblantes, de peur que la dureté de monsieur de Kernogan ne détruisît l’harmonie parfaite de sa vie actuelle. Elle craignait ce qu’il allait dire, car elle connaissait le duc, tant par ses qualités que par ses défauts. Par son mariage, elle avait dû le heurter profondément. Mais aussitôt qu’elle eut commencé sa lecture, elle resta confondue.

Son père n’avait pas eu un seul mot blessant malgré ses reproches affectueux. Il ne voulait pas, disait-il, au déclin de sa vie et après toutes les épreuves cruelles qu’il avait subies, s’opposer au bonheur de sa fille. Vous auriez dû me faire confiance, écrivait-il : je ne savais pas que votre bonheur était en jeu dans ce mariage projeté par moi, sans cela, j’aurais su renoncer à mes projets devant les vôtres. Sachez que vous seule me restez, à moi qui n’ai plus rien que la misère et l’exil. Pouviez-vous croire que je ferais passer mes ambitions personnelles avant votre bonheur ?

En lisant cette lettre, Yvonne sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle pleura amèrement de honte et de remords. Comment avait-elle pu être si aveugle pour juger si mal son père et douter de sa bonté ? Son jeune mari eut beaucoup de mal à la consoler. Il avait également lu la lettre et fut très touché de l’aimable allusion à sa personne. En effet, le duc disait en parlant de son gendre : Lord Anthony est un parfait gentilhomme et je suis sûr qu’il vous rendra heureuse. Votre père le sera d’autant plus. Ce qui me peine surtout est votre manque de confiance en moi et un mariage clandestin n’est pas digne d’une Kernogan.

– Je m’étais ouvert à monsieur votre père de mes intentions, dit Lord Tony ; je lui avais demandé de m’autoriser à vous faire ma cour. Mais je m’exprime si mal lorsqu’il s’agit de choses qui me tiennent à cœur, qu’il n’a peut-être pas bien compris et m’a pris pour un sot.

– Je l’avais également supplié, mais à l’époque il était tellement ancré dans son projet de me faire épouser M. Martin-Roget que mes larmes ne purent l’en détourner. Je suppose que mon cher père n’avait pas réalisé alors combien tout cela était sérieux pour moi.

– En tout cas, il a l’air d’avoir accepté l’inévitable avec beaucoup de bonne grâce, conclut Lord Tony.

II

Assis tendrement l’un près de l’autre, ils relurent une fois de plus la lettre qui se terminait ainsi : Je ne me sens pas très bien en ce moment, l’humidité de ce pays ne me convient guère et j’ai pris froid. Je sais que les amoureux n’aiment pas recevoir des visites ; cependant si demain le temps est meilleur je viendrai jusqu’à Combwich Hall et je suis certain que vous ne me refuserez pas à souper et un lit pour la nuit. Si cela vous convient, envoyez-moi votre réponse par le messager qui retourne à Bath.

Pouvait-on imaginer une démarche plus touchante ? Ce geste mit le comble à leur bonheur.

III

Le lendemain, Yvonne Dewhurst fit à son amie Lady Blakeney le récit fidèle de tout ce qui s’était passé. Elle prit même le soin de joindre une copie de la lettre de son père, en la priant de la communiquer également à Lady Ffoulkes.

Elle attendait son père qui devait arriver d’un instant à l’autre et Lord Tony était allé jusqu’à la grille du parc pour l’attendre.

Une demi-heure plus tard, M. de Kernogan serrait dans ses bras sa fille rayonnante de joie. Il était pâle, paraissait fort las et se plaignait toujours de ce refroidissement. De toute évidence, il ne se sentait pas très bien et, les premières effusions passées, Yvonne commença à s’inquiéter sérieusement de son état. Au fur et à mesure que la soirée avançait, le duc devenait de plus en plus silencieux ; il refusa presque toute nourriture et vers huit heures il annonça son désir de se retirer.

– Je ne suis pas vraiment malade, dit-il en embrassant tendrement sa fille, seulement un peu las… Ce doit être toutes ces émotions. Je serai mieux demain après une bonne nuit.

S’il s’était montré cordial, mais réservé envers Lord Tony, ce qui d’ailleurs semblait normal étant donné son caractère peu démonstratif, le duc avait manifesté à sa fille une tendresse toute particulière, comme s’il avait éprouvé des remords à son égard.

IV

Le lendemain, l’état de santé de monsieur de Kernogan eut l’air de s’aggraver, ses joues étaient creuses, son teint était devenu blafard et ses yeux paraissaient ternes. Mais il refusa catégoriquement de prolonger son séjour.

– Non, non, déclara-t-il, je serai mieux à Bath, on y est plus abrité qu’ici, et ce vent du nord ne me convient pas. Je vais prendre quelques bains, cela m’avait déjà fait beaucoup de bien en septembre dernier, lorsque j’avais pris froid.

Bien qu’il fît de son mieux pour rassurer sa fille, celle-ci demeurait inquiète. Il n’avait même pas voulu boire le chocolat qu’elle lui avait préparé elle-même.

– Dès que je serai de retour à Bath, je me sentirai mieux, répéta M. de Kernogan, et dans un jour ou deux, si vous avez le temps et que Lord Tony peut se passer de vous, vous viendrez voir comment se porte votre vieux père, n’est-ce pas ?

– Il n’est pas question que je vous laisse repartir seul, répondit Yvonne sur un ton décidé ; je vous accompagnerai.

– Je refuse, mon enfant, c’est une folie, protesta le duc. La voiture me conduira, et en moins de deux heures je serai rendu sain et sauf.

– Vous le serez encore bien mieux en ma compagnie, dit Yvonne, en le regardant d’un air tendrement inquiet. J’ai demandé à mon cher mari la permission de vous accompagner.

– Mais vous ne pouvez pas quitter Lord Tony ainsi, protesta de nouveau le duc, il sera triste et perdu sans vous.

– Je l’espère, dit-elle en souriant, mais il sera d’autant plus heureux de me revoir lorsqu’il vous saura mieux.

M. de Kernogan finit par céder aux instances de sa fille qu’il remercia en l’embrassant avec affection. Il semblait soulagé à l’idée de faire ce parcours en sa compagnie. La voiture fut commandée pour onze heures.

Un quart d’heure avant le départ, Lord Tony serrait sa jeune femme dans ses bras en lui disant tristement adieu.

– Je déteste vous voir partir, ma chérie, dit-il en l’embrassant ; je peux à peine supporter d’être séparé de vous pendant une heure et il s’agit de quelques jours maintenant.

– Je dois pourtant partir, mon bien-aimé, répondit Yvonne en le regardant avec amour. Je ne pourrais pas le laisser voyager seul… Le pourrais-je ?

– Certes non, acquiesça-t-il sans grande conviction, mais n’oubliez pas, mon amour, que vous m’êtes infiniment précieuse et que je ne vivrai plus tant que vous ne serez pas de retour et en sûreté entre mes bras.

– Je vous enverrai un mot ce soir, dit-elle en se dégageant à regret de sa douce étreinte, et si je pouvais revenir demain déjà…

– Je viendrai en tout cas demain à Bath pour vous escorter, si votre retour était vraiment possible.

– Je reviendrai si je suis rassurée au sujet de mon père. Oh ! mon chéri, ajouta Yvonne en soupirant, je savais bien hier matin, quand ma félicité était à son comble, que quelque chose surviendrait pour interrompre la perfection de ces derniers jours.

– Vous n’êtes pas sérieusement inquiète au sujet de la santé de monsieur votre père, mon cœur ?

– Non, pas trop inquiète. Au revoir, milord… Et dans quelques heures nous retrouverons notre rêve.

V

Durant toute la journée du lendemain, Lord Tony fut triste et désemparé. Yvonne n’était pas là. À part cela, rien d’autre ne le tourmentait spécialement.

Pourtant le destin lui préparait un coup si terrible que jamais il ne devait s’en remettre complètement, mais il n’avait le moindre pressentiment de ce qui l’attendait.

Il passa toute la journée à classer des papiers et à mettre à jour sa correspondance en retard. Pendant ces derniers jours il avait vécu dans un rêve et son courrier s’était accumulé. Il avait en effet une grande fortune à gérer, non seulement pour lui-même mais pour ses frères et sœurs mineurs. Il fallait profiter de cette solitude forcée pour mettre tout cela en ordre.

Le soir il attendit en vain le mot promis par Yvonne. Mais, n’étant pas d’un naturel anxieux, il ne s’inquiéta pas outre mesure et s’expliqua son silence en pensant que la forte pluie qui était tombée sans arrêt durant l’après-midi avait dû retarder l’arrivée du courrier à Combwich Hall, ou qu’alors les mille petits incidents imprévisibles, dont il aurait l’explication le lendemain, avaient peut-être empêché Yvonne de lui écrire.

Comment aurait-il pu supposer d’autres événements ? Néanmoins, en se mettant au lit, il prit la ferme résolution de partir pour Bath dès le lendemain et d’y rester jusqu’à ce qu’il puisse ramener Yvonne avec lui.

D’ailleurs sans elle Combwich Hall était vraiment insupportable.

Il partit donc pour Bath comme il se l’était promis, le lendemain matin à neuf heures. Il n’avait cessé de pleuvoir depuis la veille et les routes étaient terriblement boueuses.

Aussitôt arrivé en ville, Lord Tony passa d’abord chez lui pour se changer, puis il se rendit à pied à Laura Place en prenant par les petites rues, voulant éviter la foule des mondains qui se pressaient autour des établissements thermaux et des jardins publics.

Son intention était de voir Yvonne, de prendre des nouvelles de son beau-père, puis de rendre visite à ses amis Blakeney à leur résidence au Circus.

Pas la moindre appréhension ne l’agitait. Que pouvait-il craindre ?

Lorsque les trois quarts de onze heures sonnaient à l’horloge de la tour, il se présenta à la porte de la résidence du duc de Kernogan.

Une femme vint ouvrir, ce qui surprit fort Lord Tony, car il savait combien le duc, conscient de ses prérogatives, était strict sur l’étiquette de sa maison. « La maison d’un pauvre émigré, certes, mais néanmoins celle d’un gentilhomme », répétait-il volontiers.

– Puis-je monter directement ? demanda-t-il à la femme, qui avait l’air de vouloir lui barrer le passage. Je désire voir M. le duc.

– Vous pouvez monter, monsieur, répondit la femme avec un fort accent du Somersetshire, mais je doute fort que vous voyiez Sa Grâce. Monsieur le duc est parti depuis deux jours.

Lord Tony n’avait pas prêté grande attention à la femme. Il venait de traverser le hall et commençait à monter l’escalier quand ces dernières paroles lui parvinrent. Sans en saisir de prime abord tout le sens, il s’arrêta et fronça les sourcils.

– Parti… depuis deux jours ! répéta-t-il machinalement. Que voulez-vous dire ?

– Que Sa Grâce a quitté la maison avant-hier ; c’était le jeudi et son valet est parti hier après-midi en emportant les bagages. Il est parti en voiture. Aie ! lâchez-moi ! cria-t-elle soudainement. Vous me faites mal, mais qu’avez-vous ?

Lord Tony avait descendu les marches et courant vers la femme lui avait saisi les poignets, en la regardant fixement comme un insensé.

– Je vous demande pardon, dit-il tout confus en la relâchant. Je… je… j’ai été comme égaré pendant un instant. Ayez la bonté de répéter une fois de plus ce… ce que vous venez de me dire, balbutia-t-il.

Devant le visage de Lord Tony devenu couleur de cendre et où se lisait la plus intense angoisse, la femme, qui voulait répliquer vertement, fut prise de pitié.

– M. le duc a quitté la maison avant-hier dans une voiture de louage, dit-elle très lentement, pensant que le jeune monsieur était malade ou peut-être pas en pleine possession de ses esprits. Son valet, Frédéric, est parti hier avec les bagages. Il a pris la malle de Bristol de deux heures. Je suis la gouvernante de M. le duc et je dois m’occuper de la maison et des domestiques jusqu’à nouvel ordre. Voilà tout ce que je sais et je ne peux rien vous dire de plus.

– Mais M. le duc a dû revenir hier matin, dit Lord Tony d’un ton persuasif comme quelqu’un qui essaye de convaincre un enfant obstiné, et ma femme… mademoiselle Yvonne… était avec lui…

– Non, non, répéta la femme. M. le duc n’est pas revenu ici depuis jeudi après-midi et son valet est parti avec les bagages. Mais, ajouta-t-elle sur un ton confidentiel, ils ne sont sûrement pas loin. Tout cela a été si soudain que je n’en ai rien su moi-même jusqu’à ce que j’aie vu M. Frédéric partir. Il a d’ailleurs emporté très peu de bagages. Sûrement M. le duc va revenir bientôt. Il n’a pu aller bien loin avec si peu d’affaires.

– Mais ma femme, mademoiselle Yvonne ?…

– Mon Dieu, monsieur, ne le saviez-vous pas ? Toute la ville en parle depuis mardi. Il paraît que mademoiselle s’est enfuie avec Lord Tony Dewhurst et…

– Oui, oui. Mais ne l’avez-vous pas revue depuis ?

– Je ne l’ai plus vue depuis l’instant où elle est partie au bal, lundi soir. Elle était belle comme une image dans sa robe blanche…

– Et M. le duc n’a laissé aucun message… pas de lettre ?

– Ah ! maintenant que vous m’en parlez, s’écria la femme, je me souviens que Frédéric m’a remis une lettre que M. le duc a laissée sur son bureau. Il m’a dit qu’elle était pour Lord Anthony Dewhurst et de la lui remettre s’il se présentait. Je l’ai rangée quelque part. Quel est votre nom, je vous prie ?

– Je suis Lord Anthony Dewhurst, répondit le jeune homme d’une voix blanche.

– Je vous demande pardon, milord, dit la femme, je vais tout de suite aller chercher la lettre.

Demeuré seul, Lord Tony resta immobile, comme assommé, frappé de stupeur. Il avait tout d’abord cru à un accident survenu en cours de route ou à une agitation de l’état de santé du duc. Mais maintenant, il était obligé d’écarter ces raisons devant une évidence plus cruelle. S’il y avait eu accident, la rumeur publique ou un mot d’Yvonne l’en auraient informé. Que pouvait vouloir dire cette lettre de M. de Kernogan ? Il ne savait que penser, mais une peur atroce lui étreignit soudainement le cœur.

Au bout de quelques instants la femme revint et lui tendit une lettre toute froissée. Lord Tony s’en saisit et rompit le cachet d’une main tremblante, sous le regard à la fois curieux, mais compatissant de la gouvernante. Mais lui, indifférent à toute présence humaine, n’avait dans l’esprit que les quelques lignes écrites en français qui dansaient devant ses yeux. Voici ce que disait la lettre :

Milord,

Vous avez essayé de me ravir ma fille, je l’ai reprise. Quand cette lettre vous parviendra, nous serons déjà en mer, faisant route pour la Hollande, d’où nous nous rendrons à Coblentz. Là, selon ma volonté, Mlle de Kernogan sera unie par le mariage à M. Martin-Roget, objet de mon choix. Elle n’est et n’a jamais été votre femme. Autant qu’il est possible de prévoir l’avenir, je puis vous assurer que vous ne la reverrez de votre vie.

Ce message, aussi monstrueux par son contenu que par sa désinvolture, était signé : André Dieudonné, duc de Kernogan.

Mais à l’opposé de l’attitude du duc lorsqu’il avait reçu la lettre de sa fille, envoyée de Combwich Hall, Lord Tony ne fit aucun geste, ne laissa percer aucune colère. Il ne déchira pas la lettre fatale, mais la garda un instant convulsivement dans sa main avant de la glisser dans sa poche.

Très calmement, il tendit une pièce d’argent à la femme en la remerciant. Celle-ci lui proposa une voiture, car la pluie tombait avec violence, mais il déclina cette offre en s’éloignant comme un homme qui n’est plus maître de lui et elle sentit des larmes lui monter aux yeux, tant son visage exprimait le plus profond désespoir.