Voyant Fleury sortir en courant, Martin-Roget et Chauvelin, qui se trouvaient au coin de la maison, se joignirent à lui.
– Que se passe-t-il ? cria Chauvelin.
– Cet Anglais avec la femme sur le dos, et l’autre homme, quelqu’un les a-t-il vus ?
– Malédiction, que veux-tu dire ?
– Les avez-vous vus ? répéta Fleury d’une voix rauque.
– Non !
– Ils n’ont pas pu passer devant vous ?
– Impossible !
– Alors, à moins que nous n’ayons des yeux de chat, ce suppôt de Satan nous échappera encore… Suivez-le, en avant ! lança-t-il une fois de plus à ses hommes.
L’obscurité était quasi totale et le vent glacial qui soufflait avec violence, assourdissant le bruit des pas, rendait la poursuite encore plus pénible.
– Il est allé de ce côté, cria un homme.
– Non, non, par ici, s’exclama un autre.
– Ah ! le voilà, crièrent plusieurs voix en chœur, il traverse le pont !
Fleury s’époumonait après ses hommes.
– Suivez-le, hurla-t-il, il y a cent francs pour le premier d’entre vous qui lui met la main au collet.
La chasse s’engagea. L’Anglais, avec son fardeau sur l’épaule, venait d’atteindre l’entrée du pont où une lanterne, accrochée là, l’éclaira violemment durant un court instant. Il avait moins de cent mètres d’avance sur ses poursuivants, lesquels se lancèrent à ses trousses en poussant des cris sauvages. De nouveau éclairé, il apparut une fois encore au milieu du pont, telle une sorte de géant bossu et fantastique, né des ombres de la nuit.
De droite et de gauche, surgissant des maisons du carrefour de la Poissonnerie où ils avaient été placés en faction, d’autres « Marats » se joignaient à leurs camarades dans cette poursuite effrénée.
Des fenêtres s’ouvraient de tous côtés et les bourgeois de Nantes, réveillés par le bruit, oubliant pour un instant leurs soucis et poussés par la curiosité, se demandaient ce qui se passait, tandis que d’autres sortaient dans la rue, se mêlant à la foule des poursuivants par simple goût de l’aventure.
Fleury fermait la marche, suivi de Martin-Roget et de Chauvelin qui essayaient de glaner des informations supplémentaires.
– Alors, que s’est-il passé ? demanda Chauvelin.
– Cet homme, Paul Friche… avec l’aristo sur le dos… et l’autre avec le ci-devant duc… ce sont eux, les espions anglais déguisés… ils ont brisé la lampe… puis ils se sont enfuis.
– Nom d’un…
– Blasphémer ne sert à rien, citoyen Martin-Roget coupa Fleury aussi vivement que sa respiration haletante le lui permettait ; toi et le citoyen Chauvelin, vous êtes les responsables de toute cette affaire. C’est toi, citoyen Chauvelin, qui as placé Paul Friche à l’intérieur de la taverne et qui lui as dit ce qu’il fallait faire…
– Et alors ?
– Le vrai Paul Friche a été amené à l’infirmerie il y a quelques heures, le crâne fracturé par un coup assené par tes Anglais, je suppose ?
– Impossible, répliqua Chauvelin en jurant.
– Pourquoi impossible ?
– Parce que l’homme à qui j’ai parlé, place du Bouffay…
– N’était pas Paul Friche, interrompit Fleury.
– Mais il était de faction avec deux autres « Marats »…
– Peut-être, mais l’homme n’était pas Paul Friche et les autres n’étaient pas des « Marats ».
– Et alors, tout à l’heure, à la taverne ?… et celui qui est monté par la gouttière ?…
– C’était toujours ton fameux Mouron Rouge.
– Ah ! malédiction !
La poursuite continuait, devenant de plus en plus forcenée. Le lièvre avait gagné encore une légère avance sur la meute qui comptait maintenant une centaine d’hommes. Après avoir traversé le pont, il s’était engagé dans le dédale des petites rues, derrière la place de la Petite-Hollande et l’hôtel de la Villestreux, la résidence de Carrier. La meute avait perdu du terrain en s’arrêtant d’abord au pont, puis au coin de plusieurs rues, hésitant sur la direction à prendre.
– Par ici !
– Non, par là !
– Ah ! le voici !
Ces quelques instants suffirent à l’homme traqué pour arriver au bout d’une rue, puis tourner le coin et disparaître une fois de plus dans la nuit noire. Les éclairages étaient rares dans cette partie de la ville et ce n’est que quand le lièvre dut, par force, passer de nouveau sous la lueur d’une lanterne, que la meute put retrouver sa piste.
– Cernez les ponts, cria Fleury aux hommes près de lui ; laissez-le se promener sur l’île. Il ne pourra la quitter qu’en se jetant dans la Loire. Et une fois que nous aurons le chef de la bande, nous trouverons facilement ses acolytes. Leur disparition ne m’inquiète nullement.
Les « Marats », malins et avides de toucher leur récompense, comprirent à l’instant toute la portée de ce plan : tous les ponts étant gardés, l’Anglais aurait beau courir, il était pris comme un renard au piège. Ils se dispersèrent le long des quais et barrèrent un à un tous les ponts.
– Le proconsul aura plus de plaisir qu’il n’escomptait, dit Fleury satisfait. Il se réjouissait de la capture de ces traîtres dont il craignait mortellement l’évasion, et maintenant j’ai l’impression que la curée aura lieu juste sous les fenêtres de sa résidence.
Martin-Roget, depuis les événements de la taverne, n’était obsédé que par la pensée que l’accomplissement de sa vengeance contre les Kernogan risquait de passer au second plan.
– Tu te souviendras, citoyen capitaine, répéta-t-il pour la dixième fois peut-être à Fleury, que les ci-devant Kernogan ont été trouvés à l’intérieur du Rat Mort.
Fleury répondit avec impatience que, pour le moment, le sort des deux aristos lui importait peu alors qu’on était sur la trace du plus précieux gibier qu’un bon patriote pût espérer attraper. Chauvelin, lui, ne disait rien. Il marchait d’un pas rapide à côté du capitaine Fleury, les lèvres serrées, la respiration haletante. De ses yeux pâles, il scrutait la nuit où son pire ennemi allait enfin rencontrer le sort qu’il méritait.
– Il ne peut pas s’échapper de l’île, avait déclaré Fleury.
Il ne restait en effet plus grand-chose à faire pour capturer le lièvre. Les ponts étaient tous bien gardés, l’île regorgeait de « Marats » en faction un peu partout et la Loire empêchait implacablement toute retraite. Chauvelin, l’ennemi le plus tenace, le capitaine Fleury, avide de toucher sa récompense et de gagner la reconnaissance du proconsul, Martin-Roget enfin, ivre d’assouvir sa vengeance, tous trois étaient aux aguets à quelques pas de leur proie.
Si, pour le moment, l’Anglais avait disparu avec son fardeau comme avalé par la nuit, il n’y avait quand même aucun endroit par où il puisse s’échapper ; il s’était probablement dissimulé sous quelque porche, jouant à cache-cache avec ses poursuivants.
Fleury était maintenant d’excellente humeur. Il donna l’ordre à ses hommes de rester à leurs postes toute la nuit. Si cela convenait à l’Anglais de rôder jusqu’au matin sur l’île, il était le bienvenu, et le lendemain on s’occuperait de lui.
Les oisifs, qui s’étaient joints si promptement à cette chasse à l’homme, continuèrent à parcourir les rues en proie à une vive agitation ; parfois, ils poussaient un cri de joie, croyant avoir découvert le fugitif dans l’obscurité, puis, sans se décourager, ils reprenaient de nouveau leurs recherches.
Les gendarmes, jaloux des « Marats », essayèrent de leur côté de mettre la main sur l’insaisissable Anglais, espérant ainsi recevoir la récompense. Fleury, rencontrant le prévôt, l’apostropha brutalement :
– Mes hommes s’occuperont de ce traître, citoyen, ce n’est pas ton affaire. Le prévôt protesta et une dispute allait éclater, lorsque Chauvelin intervint avec sa diplomatie habituelle.
– Et pourquoi, dit-il d’une voix conciliante, ne pas laisser également les gendarmes participer à nos recherches ? Ces hommes peuvent réussir à débusquer notre lièvre et à le faire sortir de son trou, puis les « Marats » s’en empareront rapidement.
Le prévôt accepta la proposition. Il serait toujours temps, pensa-t-il, de discuter la récompense au moment de la capture et, sans adresser le moindre salut à Fleury, il tourna les talons et s’éloigna.
– Qu’il fasse ce qu’il veut, grommela Fleury, aussi longtemps que cet imbécile et sa bande ne gêneront pas mes hommes.
– Ne voudrais-tu pas aller voir tes sergents, citoyen capitaine ? demanda Chauvelin d’une voix persuasive, tout le monde doit être particulièrement vigilant et tes « Marats » auront besoin d’une surveillance constante. Si je puis être d’une utilité quelconque…
– Non, répliqua Fleury sèchement, je sais m’occuper de ma compagnie mieux que personne. D’ailleurs, toi et le citoyen Martin-Roget, vous feriez mieux d’aller trouver le proconsul pour le mettre au courant de ce qui se passe.
– Il aura une peur de tous les diables, répondit Chauvelin, en apprenant que l’Anglais est dans l’île.
– Tu le rassureras autant que tu le pourras. Dis-lui que mes hommes gardent toutes les issues de l’île et que je veille personnellement aux opérations. Démontre-lui bien, citoyen, que l’Anglais n’a aucune chance d’évasion possible, à moins qu’il ne veuille se noyer dans la Loire avec cette femme.
Chauvelin et Martin-Roget se dirigèrent vers la place de la Petite-Hollande. De loin, ils aperçurent la façade de l’hôtel de la Villestreux où brillaient deux fenêtres éclairées. Sans doute Carrier, ému par cette chasse à l’homme, semblant de peur, était aux aguets, tapi dans son repaire, attendant anxieusement les nouvelles.
Malgré l’obscurité, il était possible de distinguer des groupes courant dans toutes les directions ou se rassemblant sous les arbres. Une grande agitation semblait régner partout.
Au milieu de la place, deux petites lumières brillaient. C’était la voiture du proconsul, toujours en état d’alerte, prête à l’emporter loin de cette ville dont il était le bourreau. Les chevaux piaffaient sur le sol gelé, et les lanternes, de chaque côté de la voiture, éclairaient les silhouettes du cocher et du postillon, tous deux à leur poste.
Les habitants de Nantes ne se lassaient jamais de venir contempler le beau carrosse, d’admirer le cocher dans son bel uniforme vert bouteille et le luxueux harnachement des chevaux aux cuivres étincelants. Les badauds essayaient souvent de lier conversation avec les cochers, lors de leur relève, ou de plaisanter avec les postillons. Ces hommes, imbus de leur importance, sachant que de leur rapidité et de leur présence d’esprit pouvait dépendre la vie du tout-puissant proconsul, aimaient à parader en public.
Ce soir-là, comme à l’ordinaire, il s’était formé un groupe de curieux autour de la voiture, admirant la richesse et le luxe dont aimait s’entourer le dictateur de Nantes.
Tout à coup, on entendit la voix d’un homme qui paraissait fort en colère. Chauvelin et Martin-Roget, qui avançaient rapidement vers l’hôtel, perçurent un cri rauque, suivi d’une bordée d’injures.
– Ma voiture ! ma voiture à l’instant !… Lalouët, ne me quitte pas… Maudits soient tous ces imbéciles… Ma voiture, vite…
– Le proconsul, chuchota Chauvelin en se précipitant en avant, suivi de près par Martin-Roget.
Au moment où ils atteignirent le carrosse, des gens accouraient de tous les coins de la place. En un clin d’œil, une foule compacte s’était formée autour de l’équipage et les deux hommes eurent beaucoup de mal à se frayer un passage.
– Citoyen Carrier, cria Chauvelin aussi fort qu’il put, essayant de dominer le brouhaha général, arrête ! J’ai d’excellentes nouvelles pour toi… les espions anglais…
– Au diable tous ces incapables, hurla la voix du proconsul, vous avez laissé échapper ce scélérat… je le savais, je le savais… l’assassin est au large… Ma voiture à l’instant, ma voiture ! Lalouët, reste auprès de moi !
En jouant des coudes, Chauvelin parvint à se pousser jusqu’au premier rang de la foule ; Martin-Roget, grâce à sa force, avait également réussi à avancer. À travers le brouillard, ils purent voir la silhouette contrefaite du proconsul gesticulant d’une main, tandis que de l’autre il s’accrochait convulsivement à Lalouët, lequel se préparait à ouvrir la portière de la voiture.
D’un mouvement rapide, Chauvelin se plaça entre la portière et le proconsul.
– Citoyen Carrier, dit-il avec fermeté, je te jure qu’il n’y a aucune raison de t’alarmer, tu n’as absolument rien à craindre, je t’en supplie, rentre chez toi.
Pour donner plus de poids à ses paroles, il avait saisi le bras du proconsul, mais ce geste, au lieu d’apaiser Carrier qui semblait en proie à une vive terreur, eut l’effet de l’exaspérer davantage et il se libéra brutalement de cette étreinte en proférant une terrible imprécation.
– Dix mille diables, cria-t-il d’une voix rauque, qui est l’imbécile qui ose me toucher ? En arrière, je te dis, en arrière… ou…
À ce moment, on entendit un coup de feu tiré en l’air. Une effroyable confusion s’ensuivit, les chevaux se cabrèrent et la foule se dispersa en un instant. Quant à Chauvelin, avant qu’il ait pu prononcer un mot de plus, il reçut un violent coup sur la tête et si Martin-Roget ne l’avait tiré brusquement en arrière, il aurait roulé sous les roues de la voiture.
On entendit alors le bruit d’une portière refermée avec violence, puis un ordre hurlé au cocher :
– En avant, citoyen ! Il y va de nos vies ! Les assassins anglais sont à nos trousses. À la porte de Savenay, et au galop !
Le postillon fit claquer son fouet, et les chevaux, déjà excités par tout ce désordre, bondirent en avant et partirent à fond de train. Quelques badauds suivirent la voiture durant quelques instants en criant :
– Voilà le proconsul ! Voilà le proconsul ! Bon voyage !
Chauvelin, à demi assommé par le coup qu’il avait reçu, et soutenu par Martin-Roget, revint rapidement à lui.
– Ah ! le lâche, murmura-t-il entre ses dents, il regrettera tout cela. Aussitôt que je pourrai m’occuper de lui, il verra… entre-temps…
Le galop des chevaux se perdit au loin ; seuls quelques cris : « Le proconsul ! le proconsul ! » retentirent encore pendant quelques instants.
Fleury se trouvait sur le pont au moment où la voiture arrivait à toute allure ; il eut juste le temps de crier à ses hommes de se mettre au garde-à-vous. En principe, il aurait fallu faire tirer une salve d’honneur au passage du tout-puissant représentant du peuple, mais il fut pris de court. Le carrosse passa bruyamment, tandis que Carrier, sortant la tête par la portière, se mit à insulter Fleury d’avoir laissé des espions, payés par le gouvernement britannique, menacer sa vie.
– Je vais à Savenay, cria-t-il, et j’y resterai jusqu’à ce que ces assassins aient été jetés à la Loire ; mais à mon retour, gare à toi, Fleury !
Puis la voiture tourna brusquement sur le quai et disparut rapidement dans la nuit.
Chauvelin, s’appuyant sur Martin-Roget, traversa en boitillant la place où la foule s’était reformée. Tous se demandaient ce que signifiait le départ précipité du proconsul, alors que les traîtres étaient toujours sur l’île et que leur capture certaine constituerait un des grands événements de la ville.
– Je pense, dit Martin-Roget, que nous ferions mieux d’aller nous coucher et de laisser Fleury s’occuper du reste. Les Anglais ne seront peut-être pas arrêtés avant quelques heures et je tombe de fatigue.
– Fais ce que tu veux, citoyen, répondit Chauvelin sèchement, moi je resterai ici jusqu’à ce que je voie ces maudits Anglais aux mains du capitaine Fleury.
Soudain, Martin-Roget saisit le bras de son compagnon en chuchotant :
– Écoute ! n’entends-tu pas ?
Chauvelin tendit l’oreille et ses genoux faillirent se dérober sous lui.
– Qu’est-ce que cela signifie ? reprit Martin-Roget vivement intrigué ; on dirait la voix du jeune Lalouët.
Chauvelin ne répondit rien. Oubliant ses douleurs, il retraversa la place et courut jusqu’à l’hôtel de la Villestreux d’où avait jailli la voix familière.
Le jeune Lalouët, car c’était incontestablement lui, se tenait près de la porte, éclairé par une lanterne et entouré de quelques passants. Les premiers mots que Chauvelin entendit furent :
– Vous êtes tous fous… ou ivres. Le citoyen proconsul est en haut dans sa chambre… et il vient de m’envoyer pour savoir ce qu’il y a de nouveau au sujet de ces espions anglais…
Personne ne répondit. On eut l’impression qu’un fantôme venait de passer au milieu de ces gens, les glaçant de cette peur que suscite toute manifestation surnaturelle ou inexplicable.
On entendait encore dans le lointain le roulement du carrosse, à peine perceptible maintenant dans la nuit.
– N’y a-t-il personne pour m’expliquer enfin ce qui se passe ici ? demanda Lalouët avec impatience. Le citoyen Fleury est-il là ?
Ne recevant toujours aucune réponse, il ajouta avec brusquerie :
– Hep, là-bas ! Êtes-vous des sourds-muets et des imbéciles, qu’aucun de vous ne puisse répondre ?
Une voix timide s’éleva de la foule :
– Le citoyen proconsul était ici il y a encore un instant… nous l’avons tous vu et entendu, et le citoyen Lalouët l’accompagnait…
Une imprécation l’arrêta net, et quelqu’un d’autre reprit :
– Nous aurions tous pu jurer que nous t’avons vu, citoyen Lalouët, ainsi que le citoyen proconsul. Il est monté dans la voiture avec… enfin avec quelqu’un qui semblait être toi… et ils sont partis…
– C’est une ignoble plaisanterie, cria le jeune homme en proie à une violente colère. Je puis vous assurer que le citoyen Carrier est dans son lit ; quant à moi, je viens à l’instant de sortir de la maison… Nom d’un chien, suis-je là debout devant vous, oui ou non ?
Il s’arrêta, ayant brusquement compris. Il revoyait dans un éclair tous les événements qui s’étaient déroulés tout le long de la journée et qui trouvaient leur aboutissement dans ce gigantesque tour d’escamotage.
– Chauvelin ! cria-t-il, où diable est le citoyen Chauvelin ?
Mais Chauvelin avait disparu. Complètement anéanti, il avait fui, aussi rapidement que ses jambes flageolantes le lui permettaient, ce lieu, témoin d’une nouvelle défaite éclatante.
Carrier fit fouiller toute la ville et, pendant quelques jours, les aristocrates et les rebelles furent laissés en paix. Mais c’est en vain qu’on rechercha cet homme de petite taille dont les yeux perçants avaient été incapables de reconnaître sous le déguisement du répugnant sans-culotte Friche, le dandy le plus raffiné de la haute société anglaise, et dont le cerveau si ingénieux n’avait pu deviner que sous les traits de Carrier et de Lalouët, se cachaient son vieil ennemi Sir Percy Blakeney et l’adorable jeune femme de Lord Anthony Dewhurst.