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Au nom de la République

I

L’antichambre était large et avait toute la longueur de l’appartement de la mère Théot. Le repaire de la voyante et la pièce où elle venait de s’entretenir avec Chauvelin donnaient sur un côté de cette antichambre et deux autres pièces sur l’autre côté. À un bout, il y avait deux fenêtres qu’on tenait toujours fermées, et à l’autre extrémité se trouvait la grande porte d’entrée qui ouvrait sur le palier et l’escalier.

L’antichambre était vide et semblait narguer l’agitation de Chauvelin avec ses murs gris zébrés par la crasse, ses bancs mangés aux vers et son chandelier terni. La mère Théot, volubile et tremblante de peur, était sur les talons de Chauvelin. Celui-ci lui ordonna de disparaître ; ses marmottements l’irritaient et sa crainte visible d’une chose inconnue agissait de façon déplaisante sur ses nerfs. Il se maudissait pour sa faiblesse et maudissait le seul homme au monde qui eût le pouvoir de l’énerver.

– Je rêvais, c’est sûr, dit-il entre ses dents. Je suis obsédé par ce démon, son rire, sa voix, ses tics…

Il allait se diriger vers la grande porte pour jeter un coup d’œil sur le palier et la cage d’escalier lorsqu’il entendit appeler de très près. Theresia Cabarrus se tenait dans l’encadrement de la porte qui ouvrait sur le sanctuaire de la sibylle, soulevant la portière de sa main fine.

– Citoyen Chauvelin, je vous attendais.

– Et moi, citoyenne, répliqua-t-il grossièrement, je vous avais oubliée.

– La mère Théot m’avait laissée seule pour que je reste en communion avec les esprits.

– Ah ! et quel est le résultat de vos réflexions ?

– Vous aider encore, si vous avez besoin de moi.

– En vérité, j’ai besoin de toute main qui accepte de se dresser contre un ennemi. J’ai besoin de vous, de la vieille sorcière, du charbonnier Rateau, de tout patriote qui voudra bien surveiller cette maison où nous tenons le seul appât qui puisse faire mordre le poisson.

– Ne vous ai-je pas prouvé ma bonne volonté ? Pensez-vous que cela me plaise d’avoir renoncé à ma vie personnelle, à mes aises, à mon existence comblée pour devenir une simple esclave attachée à votre service ?

– Une esclave qui sera bientôt plus puissante qu’une reine.

– Si je pensais cela !

– J’en suis aussi sûr que d’être vivant. Vous n’arriverez à rien avec Tallien, citoyenne. Il est trop bas, trop lâche. Mais si vous livrez le Mouron Rouge à Robespierre, il vous suffira de demander la couronne des Bourbons pour l’obtenir.

– Je le sais, dit-elle sèchement, sinon je ne serais pas ici.

– Nous avons toutes les bonnes cartes, continua-t-il ardemment. Lady Blakeney est dans nos mains. Tant que nous l’avons, nous avons la certitude que, tôt ou tard, l’Anglais cherchera à communiquer avec elle. Catherine Théot est une bonne geôlière et le capitaine Boyer a une troupe nombreuse sous ses ordres, une vraie meute de limiers dont le zèle est stimulé par la promesse d’une généreuse récompense. Seulement, l’expérience m’a appris que le Mouron Rouge n’est jamais si dangereux que lorsque nous le croyons acculé. Ses talents de comédien nous ont tenus en échec jusqu’ici. Des yeux humains sont impuissants à deviner ses déguisements. C’est pourquoi, citoyenne, je vous ai amenée en Angleterre, c’est pourquoi je vous ai mise en face de lui et vous ai dit : « C’est lui. » Depuis, grâce à vous, nous tenons l’appeau. Vous êtes mon bras droit. J’ai placé ma confiance dans votre coup d’œil, votre esprit, votre intuition. En quelque déguisement que le Mouron Rouge se présente à vous – et il se présentera à vous ou il n’est plus l’aventurier impudent que je connais ! – je sens que vous, du moins, saurez le reconnaître.

– Oui, dit-elle d’un air songeur. Je pense que je le reconnaîtrais.

– Pensez-vous que je ne sais pas apprécier les sacrifices que vous consentez en vous soumettant si noblement à cette vie d’angoisse et de perpétuelle alerte ? Vous êtes l’appât qui attirera le Mouron Rouge dans mes filets.

– Bientôt, j’espère.

– Bientôt, affirma-t-il résolument. J’ose le jurer. Jusqu’à ce moment, au nom de votre propre avenir et au nom de la France, je vous conjure, citoyenne, d’être vigilante ! Songez aux buts que nous nous sommes fixés : mettez le Mouron Rouge à notre merci et Robespierre, qui est à l’heure actuelle la proie d’une étrange peur à son sujet, deviendra votre homme lige. Il est convaincu que cet espion anglais va causer sa chute ; il s’isole de plus en plus, il ne vient plus aux Comités ni aux clubs ; il évite ses amis et ses regards furtifs semblent vouloir percer quelque déguisement supposé sous lequel il espère et redoute alternativement de découvrir son ennemi. Il a peur d’un assassinat, d’attentats perpétrés par des inconnus. En chaque membre peu connu de la Convention qui escalade la tribune, il a peur de deviner le Mouron Rouge sous un masque nouveau. Ah ! citoyenne, quelle influence auriez-vous sur lui si, par votre entremise, toutes ces craintes étaient noyées dans le sang de cet abominable Anglais !

– Qui aurait pensé cela ? interrompit une voix moqueuse avec un petit rire tranquille. Je gage, mon cher monsieur Chambertin, que vous devenez encore plus éloquent qu’autrefois !

Comme l’éclat de rire de tout à l’heure, la voix ne semblait venir de nulle part. Elle flottait en l’air, assourdie par les parfums de la mère Théot, par l’épaisseur des portes et des rideaux. Elle était bizarre, mais humaine.

– C’est intolérable ! cria Chauvelin.

Et sans se préoccuper du cri terrifié de Theresia, il courut à la porte d’entrée. Elle n’était pas fermée à clef ; il l’ouvrit avec fracas et bondit sur le palier.

II

Du palier, un escalier étroit, en pierre, humide et sombre, menait à l’étage supérieur comme au rez-de-chaussée par une spirale. La maison n’avait que les deux étages édifiés sur des magasins désaffectés en mauvais état qui donnaient sur la rue par une double porte et un guichet.

La cage d’escalier recevait sa lumière d’une seule petite fenêtre dans le haut du toit, dont les carreaux étaient couverts de crasse, de sorte qu’à partir du premier étage l’escalier était plongé dans l’obscurité. Chauvelin hésita une minute. Bien que, physiquement, il n’eût rien d’un lâche, il n’avait nullement envie de se précipiter dans un escalier sombre où son ennemi l’attendait peut-être. Ce ne fut qu’un éclair. Aussitôt il eut cette réflexion :

– L’assassinat dans l’ombre n’est pas dans les habitudes de l’Anglais.

À peine à quelques mètres de l’endroit où il se tenait, de l’autre côté de la porte se trouvaient les douves desséchées qui entouraient l’Arsenal. De là, une douzaine de soldats, plus même, surgiraient de terre à son appel. Des hommes qu’il avait postés là et à qui on pouvait faire confiance pour faire bien et vite leur devoir, s’il avait le loisir d’atteindre la porte et d’appeler au secours. Quelque insaisissable que fût le Mouron Rouge, ici on lui ferait la chasse avec succès.

Chauvelin descendit en courant une douzaine de marches, se pencha au-dessus de la cage de l’escalier et aperçut une faible lumière qui allait et venait rapidement. Ensuite il vit sous la lumière un bout de chandelle, puis une main sale qui portait la chandelle, un bras, le sommet d’une tête hérissée surmontée d’un bonnet rouge graisseux, enfin un large dos sous un tricot bleu déchiré. Il entendit des pas lourds sur le pavement au-dessous de lui et, après, les échos d’une toux sépulcrale. Puis la lumière disparut, les ténèbres parurent plus impénétrables ; enfin deux minces filets de lumière signalèrent la place de la porte d’entrée. Quelque chose poussa Chauvelin à crier :

– Est-ce vous, citoyen Rateau ?

Évidemment, c’était idiot. Il eut sa réponse aussitôt. Une voix, la voix moqueuse qu’il connaissait si bien, l’interpella à son tour :

– À votre service, cher monsieur Chambertin ! Puis-je faire quelque chose pour vous ?

Chauvelin jura et, laissant toute prudence, descendit en courant aussi vite que ses genoux tremblants pouvaient le lui permettre. À trois marches du rez-de-chaussée il s’arrêta une seconde, pétrifié par ce qu’il voyait. C’était pourtant peu de chose : la même petite lumière, la main sale tenant la chandelle, la tête hirsute et son bonnet rouge… Dans l’obscurité, la silhouette paraissait surnaturellement haute, la lumière vacillante jetait des ombres fantastiques sur le visage et le cou du colosse lui faisant un nez et un menton aux proportions grotesques. Puis Chauvelin, avec un cri, fonça comme un taureau furieux sur le géant qui, saisi à ce moment par une toux déchirante, fut pris au dépourvu et tomba sur le dos, laissant choir la lumière et haletant avec peine, tout en donnant libre cours à ses sentiments par quelques jurons bien sentis.

Chauvelin, surpris par sa propre force et par la faiblesse de son adversaire, pressait son genou sur la poitrine de celui-ci, lui serrait la gorge, étouffant jurons et halètements, transformant la toux sépulcrale en soupir d’agonie.

– À mon service, vraiment, mon héroïque Mouron Rouge, murmurait-il d’une voix rauque tandis qu’il sentait ses faibles forces se dissiper dans cet effort exténuant. Que pouvez-vous faire pour moi ? Attendez ici jusqu’à ce que je vous tienne lié et bâillonné, incapable de me jouer un autre mauvais tour !

Sa victime, cependant, après un dernier soupir convulsif, gisait maintenant de tout son long sur le pavement, les bras en croix, immobile. Chauvelin relâcha son étreinte. Il était fourbu, baigné de sueur, tremblant de la tête aux pieds, mais il avait triomphé. Son sarcastique ennemi, emporté par son talent de comédien, avait surestimé sa propre force… La quinte de toux si bien imitée lui avait coupé le souffle au moment critique et la surprise avait fait le reste. Chauvelin, faible, chétif, un insecte devant le colosse anglais, avait gagné simplement par son courage et son habileté.

Ici gisait le Mouron Rouge qui avait pris le déguisement de l’asthmatique Rateau une fois de trop, et il avait été écrasé sous le poids de l’homme qu’il avait mystifié, tourné en ridicule. Maintenant enfin, les intrigues, les démarches humiliantes, les plans fiévreux et leurs échecs avaient pris fin… Lui, Chauvelin, serait libre et honoré. Robespierre devenait son débiteur.

Un vertige le saisit : le vertige de sa gloire à venir. Il se releva en chancelant et put à peine rester debout. Les ténèbres autour de lui étaient épaisses ; seuls deux rais de lumière à angle droit qui passaient par les fentes de la porte d’entrée éclairaient confusément l’intérieur du magasin délabré, les dernières marches de l’escalier, la rangée de tonneaux vides d’un côté et le tas de gravats de l’autre ; enfin, sur le sol, le grand corps étendu raide dans ses hardes sales. Guidé par ce peu de clarté, Chauvelin chercha la porte et, en tâtonnant, trouva le verrou du guichet, ouvrit la grille et se trouva à l’air libre.

III

La rue de la Planchette était généralement déserte. Il se passa quelques minutes avant que Chauvelin vît un passant. En attendant, il avait crié « au secours » de toutes ses forces. Il dépêcha le passant à l’Arsenal pour ramener de l’aide.

– Au nom de la République, dit-il solennellement.

Cependant ses cris avaient déjà attiré l’attention des sentinelles. Une demi-douzaine de gardes nationaux se hâtaient le long de la rue. Ils eurent vite atteint la maison, la porte où Chauvelin, toujours essoufflé mais sans avoir perdu ses manières officielles qui ne souffraient pas d’être mises de côté, leur donna de rapides instructions.

– Il y a un homme étendu ici ; saisissez-le et faites-le lever, puis qu’un de vous apporte des cordes et qu’on le ligote solidement.

Les hommes ouvrirent les doubles portes toutes grandes. Un flot de lumière remplit le magasin. Le grand corps était toujours à terre, mais il n’était plus immobile ; secoué une fois de plus par une quinte de toux, il essayait de se remettre sur pieds. Les hommes accoururent, l’un d’eux rit :

– Comment ? Mais c’est ce vieux Rateau ?

Ils le soulevèrent par les bras. Il était aussi désarmé qu’un enfant et sa face était pourpre foncé.

– Il va mourir ! dit un autre.

D’une certaine façon, ils en avaient de la peine. C’était un des leurs. Rateau l’asthmatique n’avait rien d’un aristo.

– As-tu joué une fois de plus à faire le milord anglais, mon vieux Rateau ? demanda un autre soldat compatissant.

Ils réussirent à le lever et à l’asseoir sur un tonneau. La toux se calmait, elle était remplacée maintenant par des jurons. Rateau leva la tête, rencontra les yeux pâles de Chauvelin qui semblaient fixés sur lui sans le voir.

– Nom d’un chien ! commença-t-il.

Mais il n’alla pas plus loin. Un vertige le prit. Il était faible : sa toux, puis cette étreinte forcenée autour de son cou après avoir été attaqué dans l’ombre et précipité au sol…

Les hommes, autour de lui eurent un haut-le-corps à la vue de Chauvelin. Celui-ci était pâle comme un mort. Ses joues, ses lèvres étaient livides, ses cheveux dépeignés, ses yeux décolorés comme ceux d’un être surnaturel. Il tenait étendue devant lui une main tremblante comme pour conjurer une horrible apparition.

Les hommes, qui ne pouvaient deviner ce qui s’était passé, crurent un moment que le citoyen Chauvelin, que tous connaissaient de vue, avait perdu la raison ou était possédé par le diable. Et vraiment, le pauvre Rateau ne pouvait faire peur à personne ! Heureusement cet état de transe se dissipa avant que tous les témoins eussent été pris de panique. Chauvelin parvint à se dominer par un de ces efforts surhumains dont les natures violentes sont capables. D’un geste impatient il rejeta ses cheveux en arrière, essuya sa figure comme pour chasser l’image qui l’avait obsédé ; il regarda encore Rateau, ses yeux passaient et repassaient sur le charbonnier à demi inconscient comme s’il cherchait quelque chose. Enfin, il parut frappé d’une idée et appela l’homme le plus proche de lui :

– Le sergent Chazot est-il à l’Arsenal ?

– Oui, citoyen, répondit l’homme.

– Va me le chercher tout de suite !

Le soldat obéit et le temps passa sans qu’on dise mot. Rateau, fatigué, à moitié étourdi, jurait du haut de son tonneau, suivant d’un regard anxieux tous les mouvements de Chauvelin. Celui-ci marchait de long en large comme un fauve captif. Parfois il s’arrêtait et son regard cherchait la direction de l’Arsenal ou les coins obscurs du magasin tandis qu’il démolissait les tas de gravats à coups de pied.

IV

Enfin, il eut un soupir de soulagement : le soldat était de retour avec un camarade, un homme bâti en force, l’air d’un taureau.

– Sergent Chazot, dit brusquement Chauvelin.

– À vos ordres, citoyen, répliqua le sergent.

Et sur un signe de son interlocuteur, il le suivit dans le coin le plus éloigné de la pièce.

– Ouvrez vos oreilles, murmura Chauvelin, et tâchez de m’écouter ; je ne veux pas que ces imbéciles m’entendent.

Puis montrant Rateau :

– Vous allez amener ce rustre au quartier de cavalerie. Demandez le vétérinaire, dites-lui…

Il s’arrêta comme s’il ne pouvait plus continuer. Ses lèvres tremblaient, sa figure était grise. Chazot qui ne comprenait pas attendait patiemment.

– Ce bonhomme, reprit Chauvelin, a partie liée avec une bande de dangereux espions anglais. L’un d’eux, qui est passé maître en tours de passe-passe, se sert de cet homme comme d’un double. Peut-être le savez-vous ?

Chazot fit oui de la tête.

– J’ai entendu parler du banquet de la rue Saint-Honoré. On m’a dit que personne ne pouvait deviner qui était Rateau et qui était le milord anglais.

– C’est cela, ajouta Chauvelin. Maintenant sa voix était ferme.

– Donc, je veux être sûr. Le vétérinaire, vous comprenez, marque les chevaux pour la cavalerie. Je veux qu’on marque le bras de cet homme. Une lettre seulement.

Chazot eut un haut-le-corps :

– Oh ! citoyen…, protesta-t-il.

– Eh bien ? Dans le service de la République il n’y a pas de oh ! sergent.

– Je sais, dit Chazot confondu, je voulais dire seulement… c’est si étrange…

– Des choses plus étranges arrivent tous les jours à Paris. Nous marquons les chevaux qui sont la propriété de l’État, pourquoi ne marquerions-nous pas un homme ? Le temps viendra, ajouta-t-il avec un ricanement sinistre, où l’État demandera à tout citoyen loyal de porter, imprimé de manière indélébile dans sa chair, le signe de son allégeance. Au nom de la République !

– Je n’ai rien à dire, dit Chazot en haussant les épaules. Puisque vous me dites de mener le citoyen Rateau chez le vétérinaire et de le faire marquer comme le bétail…

– Non, citoyen, non comme le bétail, interrompit doucement Chauvelin. Vous commencerez par administrer à Rateau une pleine bouteille d’eau-de-vie aux frais du Gouvernement. Puis, quand il sera tout à fait ivre, le vétérinaire mettra le fer sur son bras gauche… seulement une lettre. Le misérable ivrogne ne s’apercevra de rien.

– Comme vous voulez, citoyen, dit Chazot avec indifférence. Je ne suis pas responsable. J’obéis aux ordres.

– Et maintenant soyez discret.

– Oh ! pour cela…

– Cela ne vous profiterait pas si vous l’entendiez autrement ; donc filez avec cet homme et prenez ce mot pour le vétérinaire.

Il prit des tablettes et un poinçon dans sa poche et gribouilla quelques mots signés Chauvelin, avec cet élégant paraphe qui fut tracé si souvent à cette époque sur les ordres secrets du Comité de salut public.

Chazot prit l’ordre, tourna les talons, ordonna aux hommes de lever le géant. Rateau voulait bien s’en aller. Il aurait fait n’importe quoi pour être éloigné de ce petit démon au visage hagard et aux yeux pâles. Il se laissa conduire hors de la maison sans un murmure.

Chauvelin regarda le petit groupe, six hommes, le charbonnier et le sergent défiler hors de la maison, traverser la rue de la Planchette et prendre le tournant qui conduisait par la porte et la rue Saint-Antoine au quartier de cavalerie, du côté de la Bastille. Après quoi, il ferma soigneusement les doubles portes et se guidant au jugé dans le noir, trouva son chemin jusqu’au pied de l’escalier qu’il monta lentement jusqu’au premier étage.

V

Il était sur le palier. La porte de la mère Théot n’était pas fermée à clef ; il étendait la main pour l’ouvrir lorsque la porte tourna sur ses gonds comme si une main invisible la manœuvrait et une voix sympathique, moqueuse, qui semblait parler derrière lui, dit avec une grave politesse :

– Permettez-moi, mon cher monsieur Chambertin !