De ce qui se passa pendant les quelques secondes qui suivirent, Chauvelin lui-même n’eût pu dire grand-chose. Il n’aurait pu dire s’il avait pénétré volontairement dans l’antichambre de la mère Théot, ou si une main invisible l’y avait poussé. Ce qui est certain, c’est qu’il se retrouva assis sur un banc, le dos appuyé au mur et qu’en face de lui, le regardant de haut en bas de ses yeux mi-clos, nonchalants, se tenait son ennemi juré, Sir Percy Blakeney.
L’antichambre était très sombre. Quelqu’un avait allumé entre-temps les chandelles du lustre, et cette lumière trouble vacillait sur les murs nus, le plancher sans tapis, les fenêtres closes ; une mince spirale de fumée malodorante montait au plafond noirci.
Il n’y avait pas trace de Theresia. Chauvelin regarda autour de lui comme un animal pris au piège et enfermé dans un espace limité avec son tourmenteur. Il fit des efforts désespérés pour composer son attitude et surtout pour faire appel à ce courage qui ne l’abandonnait jamais. Physiquement, Chauvelin n’avait jamais connu la peur et il ne craignait pas d’être maltraité ou tué par l’homme qu’il avait poursuivi de sa haine. Non, il ne craignait pas d’être tué par le Mouron Rouge. Il ne craignait que d’être ridiculisé, humilié ; les plans hardis, risqués, apparemment irréalisables, qu’il connaissait, s’échafaudaient en ce moment derrière le front calme de son ennemi, derrière ces yeux méprisants qui l’irritaient jusqu’à le rendre fou.
Cet aventurier impudent, rien de plus qu’un espion en dépit de sa mine aristocratique et de ses grands airs, ce brigand anglais qui se mêlait de tout ce qui ne le regardait pas, était le seul homme au monde qui l’eût tenu en échec, l’eût tourné en dérision devant ceux qu’il voulait régenter et, à ce moment où il était obligé une fois de plus de regarder dans ces yeux si étrangement provocants, il sentait leur regard comme une épée, et une crainte qui lui coupait bras et jambes et lui paralysait le cerveau l’envahissait.
Il ne pouvait comprendre pourquoi Theresia avait disparu. Même la présence d’une femme lui eût apporté du réconfort.
– Vous vous demandez où est Mme de Fontenay, je pense, cher monsieur Chambertin, commença légèrement Sir Percy qui semblait deviner ses pensées. Les femmes ! Ah ! les femmes ajoutent tant de charme, de piquant aux plus pénibles conversations ! Hélas ! Mme de Fontenay a dû fuir au son de ma voix. Maintenant, elle s’est réfugiée dans l’antre de la vieille sorcière pour consulter les esprits sur la meilleure façon de sortir alors que la porte est fermée à clef. Quel ennui de trouver une porte fermée lorsqu’on voudrait se trouver de l’autre coté ! Qu’en pensez-vous, monsieur Chambertin ?
– Je pense seulement, Sir Percy, répondit Chauvelin, rappelant à lui tout son courage, qu’une autre jolie femme, juste au-dessus de nos têtes, serait aussi très heureuse de se trouver de l’autre côté d’une porte fermée à clef.
– Vos pensées, mon cher monsieur Chambertin, sont toujours très naïves. Assez bizarrement, les miennes en ce moment concernent la possibilité, qui n’est pas invraisemblable, d’ôter l’âme à votre vilain petit corps, comme je pourrais le faire à un rat.
– Ôtez, mon cher Sir Percy, ôtez, riposta Chauvelin avec un calme simulé. Je veux bien vous accorder que je suis un rat chétif et vous le plus superbe des lions ; mais si je gisais sans vie à vos pieds, Lady Blakeney n’en serait pas moins prisonnière.
– Et vous porteriez toujours la paire de culottes la plus mal coupée que j’aie jamais eu le déplaisir de contempler, répondit Sir Percy. Dieu vous bénisse ! Avez-vous donc guillotiné tous les bons tailleurs de Paris ?
– Vous avez envie de plaisanter, mais bien que depuis quelques années vous jouiez le rôle d’un étourdi, j’ai eu des raisons de penser que cette affectation de légèreté cachait une masse de solide bon sens.
– Vous me flattez, monsieur ! Vous n’aviez pas si bonne opinion de moi la dernière fois que j’ai eu l’honneur de vous entretenir. C’était à Nantes ; vous vous souvenez ?
– Là, comme ailleurs, vous êtes arrivé à m’abuser, Sir Percy.
– Non, non, je ne vous ai pas abusé ! Je vous ai fait agir comme un damné fou !
– Appelez-le comme vous voulez, admit Chauvelin avec un mouvement d’indifférence. La chance vous a favorisé plus d’une fois. Comme j’ai eu l’honneur de vous le dire, vous nous avez ridiculisés dans le passé et vous gardez l’impression que vous y arriverez cette fois aussi.
– Je crois aux impressions, cher monsieur. L’impression que je garde de votre charmante personnalité est maintenant indélébile.
– Sir Percy Blakeney a une bonne mémoire parmi de très nombreuses facultés. Il a aussi un esprit aventureux et une galanterie qui l’amèneront inévitablement dans le filet que nous avons si péniblement tendu pour lui. Lady Blakeney…
– Ne dites pas son nom, ou dans les soixante secondes vous êtes un homme mort !
– Je ne suis pas digne de prononcer son nom, c’est entendu ; néanmoins c’est autour de cette charmante femme que les Destinées ont filé leur toile ces derniers jours. Vous pouvez me tuer. En ce moment je suis absolument à votre merci. Mais avant que vous vous lanciez dans cette périlleuse entreprise, puis-je faire le point de nos positions respectives ?
– Évidemment ! C’est pour cela que je suis ici. Pensez-vous que j’aie recherché votre compagnie pour le plaisir de voir si vous perdiez contenance ?
– Je voudrais vous expliquer simplement à quels dangers vous exposez Lady Blakeney si vous vous livrez sur moi à des violences. Souvenez-vous que c’est vous qui avez cherché cette entrevue, ce n’est pas moi.
– Vous avez raison, vous avez toujours raison et je ne vous interromprai plus. Je vous prie de continuer.
– Je vais donc exposer clairement mon point de vue. En ce moment il y a une vingtaine de gardes nationaux au-dessus de nos têtes. Chacun d’eux sait qu’il ira à la guillotine si la prisonnière s’échappe, chacun d’eux doit recevoir dix mille livres le jour de la capture du Mouron Rouge. Il y a là de quoi entretenir leur vigilance, n’est-ce pas ? Ce n’est pas tout : ces hommes sont sous le commandement du capitaine Boyer et celui-ci sait que tous les jours, à une certaine heure, sept heures du soir pour être précis, je dois le voir et l’interroger sur l’état de la prisonnière. Si, prenez-y garde, Sir Percy, s’il arrivait que je ne vinsse pas un jour…
Le mot avait à peine passé ses lèvres qu’il s’achevait en un gémissement rauque. Sir Percy le tenait à la gorge et le secouait comme un rat.
– Chien ! disait-il, le visage tout près de celui de son ennemi, les mâchoires serrées, les yeux brûlant de colère, vous, chien misérable, impudent, aussi sûr qu’un ciel est au-dessus de nous…
Puis brusquement, son étreinte se relâcha, sa figure changea tout à fait comme si on en avait effacé les traits de colère et de haine. Ses yeux redevinrent calmes et ses lèvres se détendirent en un sourire moqueur. Il lâcha la gorge du conventionnel qui, haletant, essoufflé, tomba lourdement contre le mur. Chauvelin essaya de se calmer comme il put, mais, tremblant, faible, sans recours, il s’effondra finalement sur le banc le plus proche tandis que Sir Percy se redressait, frottait ses mains l’une contre l’autre comme pour en faire tomber de la poussière et disait avec bonne humeur :
– Redressez votre cravate, vous êtes dégoûtant !
Il avança le bout d’un banc, s’assit et attendit le face-à-main devant les yeux tandis que Chauvelin machinalement mettait en ordre sa toilette.
– Cela va mieux, dit le Mouron Rouge avec approbation, le nœud juste sur la nuque… un peu plus à droite… Maintenant, vos manchettes. Vous êtes tiré à quatre épingles maintenant. Une gravure de mode, mon cher monsieur Chambertin, et l’image d’un esprit bien organisé.
– Sir Percy !
– Je vous prie d’accepter mes excuses. J’ai failli perdre patience, et en Angleterre nous trouvons cela de très mauvais goût. Cela ne m’arrivera plus. Continuez ce que vous vouliez dire. C’était si intéressant ! Il était question d’assassiner une femme de sang-froid, n’est-ce pas ?
– Non, sous le coup de la colère, Sir Percy, reprit Chauvelin avec fermeté, une colère justifiée par la pensée de la vengeance.
– Ah oui, c’est de ma faute ! comme vous le disiez…
– C’est vous qui nous attaquez. Vous, l’insupportable Mouron Rouge avec sa maudite bande !… Nous nous défendons de notre mieux, faisant usage des armes qui se trouvent à notre portée…
– Telles que le meurtre, la violence, l’enlèvement… et le port de culottes dont la coupe soulèverait l’indignation d’un saint !
– Meurtre, enlèvement, violences, comme vous voulez, Sir Percy, reprit Chauvelin aussi calme maintenant que son adversaire. Si vous aviez cessé de vous mêler de nos affaires lorsque vous avez échappé pour la première fois au châtiment de vos manigances, vous ne vous trouveriez pas aujourd’hui dans la triste situation où vous ont mis vos propres intrigues. Si vous nous aviez laissés tranquilles, nous vous aurions oublié.
– C’eût été bien malheureux, cher monsieur Chambertin. Je n’aurais pas voulu que vous m’oubliiez. Croyez-moi, j’ai si bien joui de la vie de ces deux dernières années pour vous voir, vous et vos amis, prendre un bain ou porter des boucles propres à vos souliers.
– Vous aurez des raisons de vous livrer à ces plaisirs dans quelques jours, Sir Percy, répliqua sèchement Chauvelin.
– Comment ? Le Comité de salut public doit aller au bain ? Le tribunal révolutionnaire ? Lequel des deux ?
Chauvelin était décidé à ne pas perdre patience ; il détestait si profondément cet homme qu’il n’avait pas de colère, il n’avait qu’une haine froide et calculatrice.
– Le plaisir de mettre aux prises vos facultés avec l’inévitable.
– Ah ! l’inévitable a toujours été de mes amis.
– Il ne le sera pas cette fois, je le crains.
– Ah ! vous voulez dire que… Et il passa la main sur son cou de manière significative.
– Le plus tôt possible.
Alors Sir Percy se leva, et d’une voix solennelle :
– Vous avez raison, mon ami. Les délais sont toujours dangereux. Si vous désirez avoir ma tête, dépêchez-vous. Moi aussi, les délais me font pleurer.
Il bâilla, étira ses longues jambes :
– Je suis diablement fatigué. Ne croyez-vous pas que cet entretien a assez duré ?
– Je ne l’ai pas cherché.
– Non, c’est moi, je vous l’accorde ; c’est moi. Il fallait absolument que je vous dise que vos culottes sont mal coupées.
– Et moi je voulais vous dire que nous étions à votre disposition le plus tôt possible.
– Pour…
Et une fois de plus, Sir Percy passa la main sur sa gorge. Puis il frissonna :
– Brrr. Je ne pensais pas que vous étiez si pressé !
– Nous attendons votre bon plaisir. Il ne faut pas laisser trop longtemps Lady Blakeney dans l’expectative. Pouvons-nous dire dans trois jours ?…
– Dites quatre, mon cher monsieur Chambertin, et je serai éternellement votre obligé.
– Bon, dans quatre jours. Vous voyez que je suis conciliant ! Quatre jours ? Très bien. Nous garderons notre prisonnière quatre jours de plus ; après…
Il s’arrêta, effrayé malgré lui par la pensée diabolique qui lui venait subitement à l’esprit, une inspiration brusque, probablement émanée de quelque esprit malpropre qu’il avait entretenu. Il regarda le Mouron Rouge en face. Il se sentait puissant, il aurait voulu voir un soupçon d’assombrissement dans les yeux moqueurs, un imperceptible tremblement dans la main fine qui s’encadrait d’une dentelle sans prix.
Un moment, le silence régna dans la pièce, un silence que troublait seulement la respiration bruyante d’un homme. Cet homme n’était pas Sir Percy Blakeney. Celui-ci était tout à fait immobile, le face-à-main en l’air, un sourire au coin des lèvres. Une horloge, au loin, sonna une heure. Alors Chauvelin exprima clairement sa pensée :
– Pendant quatre jours, nous garderons là-haut notre prisonnière… Après ce délai, le capitaine Boyer a l’ordre de la faire fusiller.
Il y eut un nouveau silence. Même les murs semblaient attendre la réponse et brusquement un rire étrange, léger, retentit :
– Réellement vous êtes l’homme le plus mal habillé que j’aie jamais rencontré, monsieur Chambertin. Vous me permettrez de vous donner l’adresse d’un bon petit tailleur que j’ai rencontré l’autre jour au Quartier latin. Aucun homme décent ne voudrait aller à la guillotine avec un gilet comme le vôtre. Quant à vos bottes… (Il bâilla.) Voulez-vous m’excuser ? Je suis rentré tard du théâtre la nuit dernière et je n’ai pas eu mes heures de sommeil. Donc, avec votre permission…
– Vous l’avez, Sir Percy. Vous êtes encore un homme libre parce que vous m’avez trouvé seul et sans armes et que dans cette maison aux murs épais ma voix ne parviendrait pas à l’étage au-dessus et parce que vous êtes si agile que vous me glisseriez entre les doigts avant que le capitaine et ses hommes viennent à mon secours. Oui, vous êtes encore un homme libre. Libre de vous en aller sans mal, mais vous n’êtes pas aussi libre que vous le souhaiteriez. Vous pouvez me mépriser, faire de l’esprit à mes dépens, mais vous ne pouvez pas m’ôter la vie comme vous l’ôteriez à un rat. Et puis-je vous en dire la raison ? Parce que si à l’heure dite je ne venais pas voir le capitaine Boyer, celui-ci fusillerait sa prisonnière sans le moindre remords.
Là-dessus, Blakeney rit de bon cœur :
– Vous êtes unique, monsieur Chambertin, mais il faut mettre votre cravate d’aplomb. Une fois de plus, la chaleur de votre discours l’a dérangée. Permettez-moi de vous offrir une épingle.
Et d’un air affecté il retira une épingle de sa propre cravate, la présenta à Chauvelin qui bondit en rugissant :
– Sir Percy !
Blakeney lui mit une main ferme sur l’épaule, l’obligea à se rasseoir.
– Doucement, doucement, mon ami. Ne perdez pas le sang-froid dont vous êtes si justement fier. Laissez-moi arranger votre cravate. On tire un peu ici, on donne une chiquenaude là, ça y est ! Vous êtes l’homme le mieux cravaté de France.
– Vos insultes ne me touchent pas, interrompit Chauvelin qui cherchait à éviter le contact de ces mains fines et robustes qui erraient dangereusement autour de son cou.
– Oui, elles sont aussi futiles que vos menaces. On ne doit pas insulter un chien, pas plus qu’un chien ne doit menacer Sir Percy Blakeney.
– Vous avez raison. Le temps des menaces est fini. Et puisque vous paraissez vous amuser si bien…
– Je m’amuse si bien, monsieur Chambertin ! Comment puis-je y réussir alors que j’ai devant moi un déchet d’humanité qui ne sait même pas garder son nœud de cravate droit et ses cheveux en ordre, ni parler avec calme… au fait, de quoi parliez-vous ?
– De l’otage, Sir Percy, que nous gardons jusqu’à ce que l’héroïque Mouron Rouge soit notre prisonnier.
– Oui, il l’a été déjà. Et déjà vous avez fait de beaux plans pour sa capture.
– Et nous avons réussi.
– Par vos aimables méthodes habituelles : mensonges, tromperies, faux. Vous avez fait quelques faux cette fois, n’est-ce pas ?
– Que voulez-vous dire ?
– Vous désiriez avoir l’aide d’une belle dame, et elle avait l’air de ne pas être disposée. Aussi lorsqu’on a enlevé de chez elle son encombrant amoureux, vous avez écrit une lettre qu’elle a prise pour une insulte. À cause de cette lettre, elle a conçu contre moi une haine solide qui l’a conduite à vous aider à perpétrer l’attentat odieux dont vous allez être puni.
Il avait élevé la voix et Chauvelin jeta un regard plein d’appréhension vers la porte derrière laquelle Theresia devait guetter leurs paroles.
– Un joli conte, Sir Percy, et qui fait honneur à votre imagination. C’est pure supposition de votre part.
– Comment ? Une supposition ? Je suppose que vous avez remis à Mme de Fontenay la lettre que vous aviez projetée et que je n’ai jamais écrite ? Voyons, mais je vous ai vu le faire !
– C’est impossible !
– Des choses plus impossibles arriveront dans les jours qui vont suivre. J’étais de l’autre côté de la fenêtre de Mme de Fontenay pendant toute votre entrevue avec elle. Les volets n’étaient pas aussi bien fermés que vous auriez pu le souhaiter. Mais pourquoi en discuter alors que vous connaissez si bien les méthodes que vous avez employées pour décider une jolie femme gâtée à vous aider dans votre maudite tâche ?
– Pourquoi discuter en effet ? Le passé est passé. Je répondrai devant mon pays des méthodes que j’ai employées pour lutter contre vos machinations qui le lèsent. Ce qui nous intéresse, vous et moi, c’est ce qui doit se passer pendant ces quatre jours. Après quoi, ou le Mouron Rouge se livrera, ou Lady Blakeney sera collée au mur et fusillée.
Là, quelque chose changea dans l’attitude nonchalante de Blakeney. Une seconde, il parut avoir toute sa stature et contempler du haut de son audace et de sa puissance la pauvre, l’ignoble personne de celui qui clamait des menaces de mort contre sa bien-aimée.
– Vous croyez vraiment que vous avez le pouvoir de réaliser vos plans infâmes ? Que je vous laisserai approcher du moment de leur exécution ? Vous devriez avoir appris que si vous osiez mettre vos mains immondes sur Lady Blakeney, vous et cette meute d’assassins qui terrorisez ce beau pays depuis si longtemps, l’heure sonnerait de votre condamnation. Vous avez osé, pour vous mesurer à moi, perpétrer un attentat si monstrueux à mes yeux que pour vous punir, je vous balaierai de la surface de la terre et vous enverrai rejoindre les esprits impurs qui vous ont aidé dans vos crimes. Après, la terre recommencera à sentir bon.
Chauvelin essaya vainement de rire, de prendre un air impertinent à la manière de son ennemi, mais cette longue conversation l’avait mis à bout de nerfs. Il pouvait dissimuler sa peur, mais il ne pouvait plus bouger, ni répondre. Ses membres semblaient de plomb, une sueur glacée mouillait son échine. Il lui semblait qu’un fantôme avait pénétré dans l’appartement et sonnait le glas silencieux de ses ambitions, de ses espoirs. Il ferma les yeux, malade, vaincu par le vertige. Quand il les rouvrit, il était seul.