{1} Rat-de-cave : inspecteur chargé de surveiller la fabrication de l’alcool dans les pays de bouilleurs de crû. C’est lui qui descend dans les caves des particuliers pour y surveiller la production des alambics.
{2} Sang.
{3} Assassinerait.
{4} Le juge.
{5} Le bagne.
{6} L’échafaud.
{7} Du grec anthropos, homme, et pithekos, singe : animaux qui tiennent le milieu entre le singe et l’homme, et qui auraient été comme une transition de celui-là à celui-ci. Quelques savants, dont Gabriel de Mortillet principalement, ont relevé, dans les terrains tertiaires, la trace et les débris fossiles de ces animaux intelligents, et aussi la preuve de leur intelligence. D’autres, sur la foi des récits de voyageurs, affirment que cette espèce de singe existe encore et qu’on peut en retrouver quelques spécimens au fond des forêts de Java. Le Dr Coriolis n’a pas été le seul à aller les chercher jusque-là.
{8} Ceci est terrible pour Balaoo qui ne savait pas que Camus et Lombard étaient boiteux et qui a cru qu’ils se moquaient de lui et imitaient en marchant son dandinement dans la rue, ce pour quoi il les avait pendus !…
{9} Rien, dit M. Haeckel, n’a dû ennoblir et transformer les facultés du cerveau de l’homme, autant que l’acquisition du langage. La différenciation plus complète du cerveau, son perfectionnement et celui de ses plus nobles fonctions, c’est-à-dire des facultés intellectuelles, marchèrent de pair, et en s’influençant réciproquement, avec leur manifestation parlée. C’est donc à bon droit que les représentants les plus distingués de la philologie comparée considèrent le langage humain comme le pas le plus décisif qu’ait fait l’homme pour se séparer de ses ancêtres. C’est un point que Chleicher a mis en relief dans son travail sur l’importance du langage dans l’histoire de l’homme. Là se trouve le trait d’union de la zoologie et de la philologie comparée : la doctrine de l’évolution met chacune de ces sciences en état de suivre pas à pas l’origine du langage. Il n’y avait point encore chez l’homme-singe de vrai langage articulé exprimant des idées.
Ainsi que Chleicher l’enseigne, il faut admettre qu’un certain nombre seulement de ces êtres, encore dépourvus de la faculté du langage articulé, mais bien près de l’acquérir, le gagnèrent en réalité sous l’influence de conditions heureuses, et dès lors eurent réellement le droit de dénomination d’hommes, mais que, par contre, une certain nombre d’entre eux, moins favorisés par les circonstances, échouèrent dans leur développement et tombèrent dans la métamorphose régressive. Nous aurions à reconnaître leurs restes dans les anthropophages, gorilles, chimpanzés, orangs, gibbons.
{10} Du Singe à l’Homme, par Th. Huxley.
{11} Toute cette théorie est exposée dans le livre si intéressant de Huxley, Du Singe à l’Homme.
{12} De l’avis de tous les voyageurs qui ont entendu l’orang-outan dans la forêt vierge, on ne peut comparer sa voix de tonnerre qu’à l’éclat de la foudre et au grondement du tonnerre. Un orang-outan furieux fait entendre à plusieurs kilomètres à la ronde un bruit d’orage, auquel plus d’un chasseur inexpérimenté s’est trompé tout d’abord.
{13} Dans le langage grand singe, woohoup brout veut dire : Grâce ! C’est ce que nous apprend M. Philippe Garner qui, pendant sept années, s’enferma dans une cage au centre des forêts équatoriales pour étudier le langage des quadrumanes supérieurs. Après des aventures sans nombre et des plus dangereuses, le professeur Garner revint aux États-Unis avec un magnifique butin scientifique sur les mœurs, les façons d’être, la langue des singes. D’après lui, les organes vocaux des chimpanzés sont capables d’émettre vingt-quatre sons différents, pour exprimer autant d’émotions diverses et parfaitement définies.
« À l’aide de ses rouleaux phonographiques, patiemment enregistrés durant son long séjour dans les jungles de l’Afrique centrale, nous relate la lecture pour tous, le professeur Garner peut démontrer que les vingt-quatre mots de la langue chimpanzée servent à exprimer autant de besoins ou de sensations. Doués d’instincts éminemment sociaux, les anthropopithèques se réunissent par familles qui forment de petites tribus de quarante à cent individus. Il pratiquent la belle formule humaine : Un pour tous, tous pour un. Et, bien qu’ils soient individuellement accessibles à des mouvements de colère, ils sont foncièrement dévoués aux intérêts de la communauté. Chez eux, point de nos grèves générales, décrétées au profit de l’unité, aux dépens de la collectivité !
« Ces sentiments sociaux ont enrichi singulièrement leur vocabulaire. Qu’un membre de la tribu découvre au sommet d’un arbre une récolte de baies mûres, et il annonce sa trouvaille en articulant un mot précis.
« Si c’est d’une flaque d’eau qu’il s’agit, l’éclaireur sait préciser la nature de la découverte, en se servant d’un mot que comprennent tous les adultes de la tribu. Et je vous laisse à penser s’ils dégringolent lestement des hautes branches pour tremper leurs lèvres dans le bienfaisant liquide !
« Mais qu’un lion ou un léopard se faufile de buisson en buisson, avec la criminelle intention de se payer la peau d’un des joyeux buveurs, et le premier qui évente l’approche du fauve articule un mot d’alarme qui fait le vide autour de la flaque.
« Après une étude approfondie de ses rouleaux phonographiques, M. Garner croit même pouvoir affirmer que le vocabulaire du chimpanzé comprend deux cris d’alarme distincts, employés, l’un dans les cas de péril imminent, l’autre pour annoncer un danger encore lointain et avertir la tribu qu’elle doit se tenir sur ses gardes. Un troisième terme, qui relève plus de la curiosité que de la peur, dénonce l’approche d’une autre bande de chimpanzés, dont le crieur ne saurait encore dire s’ils viennent en amis ou en ennemis.
« Un jeune adulte qui se sent apte à créer une famille sait fort bien engager le dialogue avec la jeune guenon à la patte de laquelle il prétend. C’est bien de sept à huit mots que notre soupirant dispose pour habiller sa flamme et formuler sa demande en mariage.
« M. Garner a noté quatre mots qui reviennent fréquemment sur les lèvres des deux futurs : gwouff tsch’tak tourôô, phrase de douceur amicale et de parfait accord.
« Il prend soin d’avertir que les signes de nos alphabets ne fournissent pas aux langues simiesques d’exacts équivalents. Cet aveu nous rassure, en nous laissant croire que ce gwouff tsch’tak, si déconcertant sur nos lèvres humaines, vibre d’une exquise harmonie dans le gosier d’un anthropoïde.
« Car c’est là incontestablement un refrain d’amour… à la chimpanzé, comme M. Garner a pu s’en assurer mainte et mainte fois, depuis son retour à Philadelphie, en vivant en contact constant avec quelques singes qu’il a rapportés du Congo. Son élève favorite, baptisée Susie, lui roucoule, chaque matin, en l’apercevant au saut du lit, un amical gwouff tsch’tak tourôô.
« Elle n’y manque que dans des cas précis, quand, par exemple, elle reçut la veille une correction qui lui parut imméritée, en son for intérieur de guenon congolaise. Alors elle se contente de grogner un gnangnan où s’exhale son humeur rancunière.
« Ces quelques détails, que la publication des travaux du professeur compléteront avant peu, suffisent à montrer dans quelle mesure il a résolu la question que se posent depuis longtemps les zoologistes : les singes parlent-ils ?
« Une constatation qui mettra tout le monde d’accord, c’est que ce minimum de vingt-quatre mots est suffisant pour assurer au grand primate africain une supériorité écrasante sur toutes les espèces animales, mammifères ou oiseaux, dont les mieux doués ne peuvent demander à leurs organes vocaux qu’une dizaine de sons distincts pour exprimer leurs sensations diverses.
« Le professeur Garner ne se contenta point de ces recherches linguistiques, il s’était aussi imposé la tâche d’étudier la mentalité des grands singes africains, de rechercher si l’instinct spontané est le principal moteur de leurs actions ou si, au contraire, l’éducation joue un rôle important dans l’évolution de leurs facultés et de leurs habitudes. Sur ce dernier point, il répond encore par l’affirmative. C’est par l’exemple que le jeune singe s’instruit, qu’il apprend à lire le grand livre de la jungle. Et l’exemple prend souvent la forme de la correction corporelle ! Un marmot de chimpanzé, qui ne répond pas correctement à sa mère, reçoit une dégelée de taloches destinées à le faire réfléchir.
« M. Garner complète actuellement ses observations en expérimentant sur la demi-douzaine de chimpanzés qu’il a rapportés du Congo. Susie, son élève de prédilection, l’enthousiasme par son intelligence, qu’il déclare supérieure à celle d’une fillette de quatre ans, quoique l’aimable primate ne soit âgée que de quatorze mois. Il lui a donné pour compagne de jeux une mignonne écolière du voisinage, qui s’est mise en tête de lui enseigner les principes de la lecture à l’aide de cubes de bois formant alphabet. »
Nombreux sont les récits des voyageurs où l’on rencontre des exemples de l’extraordinaire intelligence de certains singes et de leurs aptitudes à vivre en commun comme les hommes et à la manière des hommes ; et il en est qui nous relatent des faits difficilement niables à cause de la qualité des témoins, faits se rapportant à l’aptitude de certains quadrumanes à vivre et à converser avec certaines peuplades indiennes des bords du haut Amazone qui ont appris à comprendre leur langage rudimentaire. MM. L. et G. Verbrugghe, dans leur voyage au centre des forêts de l’Amazone, ont relevé précieusement le récit de voyageurs et le serment d’un missionnaire à propos de la coutume suivante, en vigueur aux sources du Jurna : les Indiens Ugunas s’y croisent avec un grand singe noir appelé coata et leurs métis naissent parfaitement constitués. Ceci corrobore le récit de M. de Castelnau qui raconte que rencontrant une Indienne de cette tribu, il voulut lui acheter un magnifique macaque qui se prélassait sur la porte de sa cabane ? ? ? elle refusa malgré le prix élevé qu’on lui offrit. L’indien qui accompagnait M. de Castelnau se prit à rire et lui dit : « Elle ne le vendra pas, c’est son mari ! » (L. et G. Verbrugghe. Forêts vierges.)
{14} Malgré cette dernière particularité, il était encore très naturel que Patrice, qui avait entendu parler de M. Noël, n’eût même point le soupçon qu’il se trouvait en face de la race singe. M. L. Jacolliot, dans son livre : Au pays des singes, p. 229, nous parle d’un singe qu’il avait vu traiter comme une véritable personne humaine. Voici ce qu’il en dit : « Au lieu de se développer en museau, le bas de son visage s’aplatissait à donner l’illusion de la face humaine. Son front large et bombé dénotait une grande perspicacité. Ses oreilles étaient grandes, mais parfaitement bordées ; enfin ses mains, presque de forme humaine, ne possédaient pas de griffes, mais des ongles véritables que son maître entretenait avec le plus grand soin ! »
{15} Traité de droit civil que l’on met dans les mains des étudiants en droit.
{16} Les nègres aussi ont une passion délirante pour le linge blanc bien empesé.
{17} Rastas, rastaquouères, exotiques peu recommandables dans le langage d’homme du Quartier latin.
{18} Malgré tout le soin que la presse met en général à ne dire que la vérité, il lui arrive d’être trompée comme tout le monde et sans qu’il y ait de la faute de personne. C’est une loi inéluctable de l’amplification des nouvelles.
{19} Les armuriers firent des affaires d’or. Ils furent littéralement dévalisés ; chacun, ostensiblement ou non, porta, pendant toute cette époque troublée, une ou plusieurs armes destinées à débarrasser Paris du monstre.
{20} Lire encore le livre de Louis Jacolliot où il décrit une scène de famille grand singe, absolument semblable à celle-là.