La princesse Régina avait raconté en vérité les choses telles qu’elles s’étaient passées. Et elle ne trouva point ni ne chercha point d’autres explications à donner à l’empereur de son intervention dans l’affaire du souterrain et de la chapelle des Morts. Habitué à ses audacieuses gamineries, à ses mouvements spontanés dans les circonstances les plus graves, François se laissa facilement persuader par sa petite nièce qu’elle n’avait pu supporter la pensée qu’on allait lui massacrer son écuyer ou tout au moins celui qu’elle avait choisi comme tel. L’empereur se rappela avec quel enthousiasme, quelques semaines auparavant, elle avait parlé à la cour de l’écuyer masqué du cirque, que, du reste, tous les princes et princesses étaient allés voir présenter au public son cheval sauteur.
La cour et la ville avaient été fort intriguées par ce masque sur ce visage, mais le secret fut bien gardé et nul ne sut exactement à quoi s’en tenir. Régina avait alors déclaré qu’elle ne voulait plus avoir d’autre professeur d’équitation que l’écuyer masqué et qu’elle saurait bien percer son anonymat. Continuant ses recherches, elle avait acquis la certitude que l’écuyer masqué n’était autre que ce jeune Rynaldo qui commandait avec tant de tapage à l’extravagante jeunesse de l’Aula, se compromettait dans toutes les échauffourées et avait si joliment berné M. le comte de Brixen lui-même, premier ministre de Sa Majesté. Malgré tout, elle était bien décidée à le faire entrer au manège impérial, dès que les deuils de la cour l’eussent permis. Aussi quand Franz Holtzchener avait dit devant elle que Rynaldo était parmi les conjurés, avait-elle couru à la chapelle pour qu’on laissât la vie sauve au pauvre garçon.
Et vraiment, qui donc oserait ne point trouver naturel qu’une princesse Régina, à laquelle l’empereur n’avait rien à refuser, fit passer son caprice avant les affaires de l’État ?
– D’autant plus, avait-elle ajouté, intelligente et câline, que ce caprice était survenu singulièrement à temps pour arranger ces affaires-là !
En quoi elle avait raison, et M. de Brixen, en apprenant le lendemain jusqu’où avait été la folle audace de la combinaison Riva et qu’il s’en était fallu d’une seconde que les « frères du cabaret » ne fussent massacrés, avait fait comprendre à l’empereur le danger auquel toute la famille impériale et peut-être même la dynastie venaient d’échapper, car qui eût pu dire à quelles représailles se seraient livrés les peuples de l’empire en apprenant que leurs délégués avaient été conduits dans un traquenard et assassinés ?
M. de Brixen sut si bien se servir de cette affaire qu’il reconquit du coup toute son influence et que la princesse Régina fut félicitée comme ayant sauvé, par son courage et sa décision, la Hofburg, à une heure critique où la folie des archiducs et de M. de Riva l’avait compromise. Pour terminer, M. de Brixen avait si bien fait qu’il avait réussi à convaincre Sa Majesté de la nécessité d’étouffer l’affaire et de sortir les délégués de leurs cachots. Il se faisait fort de les renvoyer dans leur province et qu’on n’en entendît plus parler. Seul, le Rynaldo ennuyait M. de Brixen, car on le disait intraitable.
– Alors, donnez-le-moi, avait demandé Régina à son grand-oncle, et je me charge de l’amener ici plus doux qu’un mouton. J’ai besoin d’un professeur de haute école, et l’impératrice a manifesté plusieurs fois le désir d’apprendre le romani que ce Rynaldo parle comme un cigain de la Porte-de-Fer : voilà l’homme qu’il nous faut.
M. de Brixen était parti en souriant d’une façon fort déplaisante, et l’empereur, qui avait surpris ce sourire, resta tout perplexe, se demandant la raison secrète que pouvait bien avoir sa petite-nièce pour tenir tant à cet écuyer. Il y avait des moments où les fantaisies de la princesse l’inquiétaient.
Celle-ci l’avait laissé à ses réflexions qui furent presque aussitôt troublées par l’introduction inopinée dans son cabinet d’une jeune dame aveugle qui s’était jetée à ses pieds. C’était encore un coup de Régina, qui accompagnait l’infirme, et qui la releva en la nommant à l’empereur. Myrrha implorait la grâce de son frère. L’empereur la congédia tout de suite avec de bonnes paroles ; mais, cette fois, il retint Régina et l’attira, comme une enfant, sur ses genoux. Il voulait la faire parler. Le malheureux monarque redoutait encore quelque malice de l’amour qui déjà avait fait tant de ravages dans sa maison, et il ne pouvait s’empêcher de se demander si sa nièce n’était point mûre, elle aussi, pour quelque scandale. Il interrogea donc Régina bien franchement. La princesse haussa les épaules, déposa un baiser sur le front de son grand-oncle, et lui dit :
– Vous savez bien, sire, que j’aime le duc de Bramberg. François poussa un soupir, car au fond de lui-même il n’avait jamais compris cet amour de sa nièce pour ce soudard. Mais il devait se féliciter que Régina eût choisi justement pour fiancé un fidèle de la Hofburg.
– Va donc chercher ton Rynaldo, avait consenti l’empereur. Je te le donne. Mais mon avis est qu’il ne se laissera point prendre. On le dit trop fier !
– J’en ferai mon domestique ! répliqua Régina en saluant.
Et c’est ainsi que le lendemain du jour où nous avons laissé Rynaldo dans sa prison, nous trouvons les princesses Régina et Tania au manège attendant Rynaldo, qu’on était allé chercher à la prison de l’Étoile. Nous ne les trouvons point au manège ordinaire qui sert aux exercices d’équitation de la famille impériale, à proximité des écuries de la cour, mais dans le « Spanische Hofkeitschule » lui-même, dans ce manège de gala qui ne sert guère qu’aux grandes fêtes, et dans lequel, loin de toute curiosité, les jumelles de Carinthie allaient pouvoir se livrer à leur sport favori.
Cet immense manège était toujours fermé et, ainsi, elles pouvaient espérer qu’on ignorerait qu’en plein deuil de la cour, elles allaient se divertir aux leçons d’un nouvel écuyer.
Personne ne les avait vues entrer dans le manège. Le seul valet, chef d’écurie, Félix, en qui Régina avait toute confiance, avait amené les chevaux, trois superbes bêtes dont il tenait les rênes. À quelques pas de là, les deux jumelles, souples dans leurs collantes amazones noires, attendaient.
Régina commençait de s’impatienter et, nerveuse, fouettait du bout de sa cravache sa petite botte. Mais Rynaldo arriva. Il était accompagné de cette vieille noble dame que nous avons déjà vue dans la cellule de la prison de l’Étoile. Elle était allée le chercher à sa sortie de prison. Le directeur, qui avait reçu des instructions, avait en quelque sorte remis le jeune homme entre les mains de la gouvernante, et Orsova avait aussitôt transmis à Rynaldo les ordres de Régina. C’est en vain qu’il demanda deux heures de liberté pour aller embrasser Myrrha, pour courir aussi changer de costume, car sous son manteau il avait toujours le splendide vêtement du ban de Croatie. Orsova ne sut lui répondre qu’une chose, c’est que la princesse royale de Carinthie attendait son écuyer.
– Et vous savez, avait ajouté la vieille noble dame, ne la faites pas attendre, car elle n’aime pas ça !
Rynaldo marchait au milieu d’une telle aventure qu’il ne savait plus que croire, ni qui croire. Il se laissa conduire. Quand il entra dans le manège, il reconnut tout de suite les deux princesses dont il avait reçu la visite. Grands dieux ! comme elles se ressemblaient ! Il avait entendu vaguement parler de la ressemblance des jumelles de Carinthie, mais jamais il n’eût supposé une identité pareille… et, ma foi, puisque deux sœurs pouvaient se ressembler à ce point, il n’y avait aucun inconvénient logique à ce qu’il se trouvât encore, de par le monde, un troisième personnage ressemblant lui aussi tellement à ces deux-là qu’il pût facilement être confondu avec eux. Ainsi pensa-t-il, et il s’avança avec un peu plus d’assurance vers les princesses qui l’attendaient.
La « Spanische Hofreitschule » avait une salle de manège immense. C’était un prodigieux vaisseau fort luxueux, entouré de deux galeries soutenues par des colonnes où aux jours de carrousel s’entassaient les invités. Tout à son extrémité s’élevait la loge impériale. Le groupe des princesses et des chevaux maintenus par Félix, le premier valet d’écurie, se trouvait non loin de cette loge. Au fur et à mesure qu’il avançait, Rynaldo essayait de distinguer laquelle des deux jeunes femmes était Régina. Quand il fut plus près, il la reconnut d’une façon précise à sa mèche blanche sur le front, sous le petit chapeau rond. Il s’inclina profondément et exprima son regret, sur un ton presque hostile, de n’avoir même pas eu le temps avant de se présenter devant les princesses de changer de costume. Il était bien décidé, à propos de tout, à faire acte d’indépendance et à ne point se laisser traiter comme un petit garçon.
En vérité, il lui suffit encore ce matin-là d’entendre la voix de Régina pour retrouver subitement toute sa « certitude ». Et il fut très docile, car encore une fois c’était sa voix. Et il fut l’esclave de la princesse tout de suite. Comme elle se disposait à se mettre en selle, il prit son petit pied dans sa main. C’était son pied. Ah ! il ne pouvait maintenant plus s’y tromper. Mais quelle inouïe comédie jouait-on là ! Et jusqu’où irait-elle ?
Les deux petites princesses étaient déjà parties en un temps de galop, prenant l’air de la piste. Elles étaient encore toute proches et pourtant il ne pouvait déjà plus en lui-même les « nommer ». Mais presque aussitôt il se crut renseigné par l’air avec lequel la princesse Régina commanda la leçon, d’un geste de sa cravache. « Ah ! ça, c’est de la Reine du Sabbat tout pur ! » Et sans s’occuper de Tania, il commença de donner sa leçon de haute école à Régina, comme s’il avait été dans l’humble manège loué par le jeune vétérinaire, dans la rue de l’Eau-de-l’Empereur.
Il parla à cette princesse Régina de son art comme si elle n’ignorait rien de ce que le petit « vétérinaire » avait appris à Stella ! Mais elle, de son côté, mit une grande coquetterie à montrer qu’elle ignorait presque tout de la « haute école ». Et après quelques pas de côté, de droite à gauche et de gauche à droite, elle s’arrêta, l’écoutant. Il souriait d’un air entendu, la priant d’effectuer quelques « changements au galop » qu’elle affirma n’avoir jamais tentés et ne pouvoir par conséquent réussir. Finalement, elle s’énerva et commanda à Rynaldo de lui apprendre le secret de ses bonds prodigieux au cirque Busch, et de lui dire s’il était nécessaire, pour arriver à de pareils résultats, d’avoir des chevaux spécialement dressés à cette acrobatie.
Rynaldo lui répondit qu’avec de la patience et de la douceur, on pouvait tout demander à un bon cheval de race. Elle le pria de monter l’admirable bête que le valet d’écurie tenait en main. Quand il fut en selle, elle lui commanda : « – Sautez ! »
C’était si impertinent que Rynaldo se retourna vers Régina et la considéra avec une insistance qui pouvait passer pour insultante de professeur d’équitation à princesse. Mais le jeune homme était tellement sûr d’avoir affaire à Stella et avait tellement oublié en elle la princesse, qu’il ne pouvait juger de ce que sa conduite avait d’insolite. Ce fut Tania qui le lui fit entendre. Outrée de la bizarre attitude de cet écuyer de cirque, elle répéta d’une voix cinglante :
– Eh bien ! sautez, monsieur ! Vous n’avez donc pas entendu l’ordre de la princesse ?
Mais Régina, aussitôt, reprit un ton de douceur parfait, car elle avait vu Rynaldo devenir d’une blancheur de marbre :
– La première leçon n’est jamais sérieuse, monsieur ; vous nous apprendrez les règles de votre art une autre fois. Aujourd’hui, nous ne vous demanderons qu’une chose, c’est de répéter pour nous deux quelques-unes de ces prouesses qui ont fait la réputation de l’écuyer masqué.
Le jeune homme écoutait avec ravissement cette musique. Y a-t-il une plus pure harmonie au monde que la voix de sa maîtresse ? Il salua les deux princesses avec beaucoup de grâce et se lança sur la piste.
– Ah ! Il est vraiment beau !
C’était la vieille noble dame qui ne pouvait s’empêcher de l’accabler de son admiration.
– C’est vrai qu’il est beau ! obtempéra Tania en regardant sa sœur.
Celle-ci se taisait. Elle semblait attacher moins d’attention au cavalier qu’au cheval, dont elle suivait tous les mouvements. Rynaldo, parti au petit galop de chasse, s’était arrêté, et soudain son cheval sembla se détendre sous lui comme un arc bandé et le jeune homme fit exécuter à sa bête une de ces lançades « saut en courbette », qui lui attirèrent tout de suite les suffrages de son exceptionnel et rare public.
Et puis il y eut un pas espagnol, que Rynaldo savait être goûté par dessus tout de Stella. Mais ce pas ne parut plaire qu’à demi à Régina. L’écuyer en conçut alors un tel dépit et une si violente mauvaise humeur qu’il éprouva le besoin de traduire extérieurement tous les sentiments qui l’agitaient en se mettant à pivoter, pirouetter, bondir avec une telle rapidité, une telle fougue et une si définitive maîtrise que les bravos des trois femmes éclatèrent. Sur quoi Rynaldo, choqué de ces bravos autant qu’il l’avait été tout à l’heure de l’indifférence de Régina, s’arrêta pour entendre tout juste cette phrase qui lui fut lancée comme un compliment à un clown qui vient de terminer ses exercices :
– Oh ! par exemple, ça, c’est un numéro !
Qui avait dit cela ? Qui ? C’était une voix d’homme qui avait prononcé cela, et accompagné de quel ricanement ! D’où venait-elle ? Rynaldo se dressa, ivre de fureur, sur ses étriers. Et il aperçut Karl le Rouge qui venait de s’appuyer sur le bord de la loge impériale.
– S’il y a un saltimbanque ici, monsieur, ce n’est pas moi ! lui clama le tzigane qui, en reconnaissant le duc de Bramberg, se rappela le zèle avec lequel l’aristocrate artilleur servait « ses pièces » dans une occasion récente.
Mais la princesse Régina s’interposa avec une vivacité et un sang-froid qui laissèrent Rynaldo stupéfait. Elle accabla le duc de Bramberg sous un tel poids de reproches que les deux hommes ne trouvèrent plus le temps de placer un seul mot et furent du coup désarmés. De quel droit le duc avait-il pénétré dans le manège ? N’était-elle déjà plus libre de se conduire à sa fantaisie et allait-elle subir la tyrannie de l’époux avant les noces ?
– Car vous savez que son Altesse est mon fiancé, fit-elle en se tournant brusquement du côté de Rynaldo, et je ne vous permets point de lui dire des choses désagréables, tout ban de Croatie que vous êtes !
C’est sur cette phrase foudroyante, qui lui rappelait une fois de plus l’incompréhensible situation dans laquelle il se débattait, que se termina cette algarade. Déjà les deux princesses avaient entraîné leur écuyer en lui confiant qu’on allait maintenant jouer « à se faire écraser ». Mais Rynaldo protesta de toutes ses forces, disant que ce jeu qu’il avait inventé était trop dangereux et qu’il n’était bon que pour lui. Voici en quoi il consistait :
L’artiste arrivait sur son cheval, faisait disposer des barres parallèles le long de la rampe, et les franchissait l’une après l’autre, deux fois chacune, puis il procédait à l’écrasement. Il faisait se cabrer son cheval de toute sa hauteur et lui faisait faire ainsi quelques pas sur les sabots de derrière ; l’écuyer alors inclinait le torse en arrière jusqu’à ce que sa tête vint effleurer la croupe de l’animal. Le moment tragique approchait. Le cheval était dressé à retomber en arrière, c’est-à-dire que la bête devait se cabrer toujours davantage jusqu’à la seconde suprême où, perdant l’équilibre en arrière, elle tombait de tout son poids sur l’écuyer. Celui-ci avait quatre-vingt dix chances sur cent d’être écrasé, mais Rynaldo avait toujours été assez habile pour se glisser de côté au moment même où tout le monde croyait le cheval sur lui, et où le cirque tout entier retentissait d’une clameur d’effroi, chaque fois renouvelée.
Voilà le jeu auquel voulaient s’amuser les princesses jumelles de Carinthie. Et elles avaient déjà dû le tenter, car avant même que Rynaldo pût s’y opposer, elles faisaient se cabrer leurs deux juments, deux belles bêtes à la robe tigrée, qui commencèrent à battre l’air de leurs sabots de devant. Régina surtout exigeait de son « Czardas » un équilibre qui, d’instant en instant, devenait plus instable, et elle s’était tout à fait couchée sur la croupe de la bête, ainsi qu’elle l’avait vu faire à Rynaldo. Mais tout à coup il y eut un double cri terrible, et Rynaldo se jeta à bas de son cheval, car ce qu’il redoutait venait d’arriver ! Czardas, de tout son poids, tombait en arrière sur la princesse.
Une double clameur : « Stella ! Régina ! » se confondit dans une double angoisse. Deux hommes s’étaient précipités, et l’un d’eux, arrivé plus tôt, emportait déjà dans ses bras le corps indemne, le corps adorable de Régina de Carinthie. Or celui des deux hommes qui était arrivé le premier, parce qu’il avait eu l’avantage de se trouver dès l’abord à pied sur la piste, c’était Karl le Rouge ! Oui, Karl le Rouge qui emportait dans ses bras Régina, qui riait avec le rire de Stella !
Et Rynaldo voyait, entendait cela ! Il leva vers le ciel ses poings vengeurs, ses poings qui auraient voulu frapper, ses mains qui auraient voulu déchirer ! Ah ! Régina-Stella qui se laissait emporter, en riant, devant lui, dans les bras de Karl le Rouge ! Non ! Non ! par le diable de la Reine du Sabbat, ça n’était pas elle ! ça n’était pas Stella.
– Qu’avez-vous donc ? lui demanda la voix tranquille de la princesse Tania. Êtes-vous devenu subitement fou parce que ma sœur s’est plu à jouer à se faire écraser ? Elle joue à cela tous les jours avec Czardas, et cela ne lui a jamais fait de mal. Y a-t-il vraiment du danger ? Moi, j’hésite encore à tomber par terre.
Rynaldo regarda d’un air parfaitement hébété la princesse Tania, qui lui parlait ainsi, puis il regarda encore la vieille noble dame qui paraissait bien calme, elle aussi, et il s’enfuit sans même saluer, se demandant dans quel « monde il était tombé » ! Il avait hâte de revoir la « petite matelassière » et d’embrasser sa sœur.