{1} Le Grand-Coesre, titre que porte le roi élu des Bohémiens et de tout le peuple cigain.

{2} La police et aussi les journaux, à cette époque, menèrent une vaine et mystérieuse enquête autour de la mort tragique de Reginald-Rakovitz-Iglitza. On trouva son corps sur la berge de la Seine, au petit jour, le lendemain de la fête de l’ambassade d’Australie, et comme le front était balafré d’un terrible coup de sabre, on pensa généralement qu’il avait succombé à un duel avec un officier de la suite du roi de Carinthie. Chose extraordinaire, son corps fut inhumé dès le lendemain qu’il avait été retrouvé. On s’étonna généralement de cette précipitation. À quelque temps de là, lorsque la nouvelle se répandit dans les cours d’Europe que la reine de Carinthie, folle, avait été enfermée secrètement dans un couvent de l’empire, certaines feuilles parisiennes, qui menaient campagne depuis longtemps contre la maison d’Austrasie, crurent bon de rappeler la mort étrange de Reginald-Rakovitz-Iglitza et de rapprocher les deux événements en les entourant de commentaires assez vagues sur la sauvagerie et la brutalité de Léopold-Ferdinand et sur l’amitié que la reine Marie Sylvie avait portée autrefois au tzigane qui était admis alors à donner des leçons de violon aux petites princesses royales, à la cour de Klagenfurth.

{3} Les fêtes commencent le 24 mai.

{4} Romanitchel veut dire fils de la femme.

{5} Les orpailleurs du Danube. (Tous ces mots appartiennent à la langue cigaine.)

{6} Fabricants de cuillers et de vases de bois.

{7} La plus basse classe des tribus nomades, vagabonds.

{8} Tous ceux qui sont étrangers à la race des romanitchels.

{9} En ce qui concerne les achats d’enfants par les nomades, lire le Temps du 9 décembre 1909. On y verra comment l’acte de vente s’établit devant témoins qui signent (Tribunal correctionnel de Bellac).

{10} « Esclaves » dans la langue tzigane.

{11} « Nous n’admettons comme maître que celui qui peut nous rosser », dicton cigain qui vient merveilleusement expliquer l’emblème de la puissance chez ce peuple nomade. Le sceptre y est remplacé par le fouet et le Coesre le porte en sautoir.

{12} Prince, princesse dorée, Dieu doré, titres que les romani donnent à leurs Coesres mâles et femelles. Ce titre fait allusion à tout l’or qu’ils espèrent de leur nouvel esclavage.

{13} Ce serment extraordinaire, qui fait appel à la divinité pour qu’elle punisse le cigain parjure en ne lui permettant plus de réussir aucun vol, date de 1423. Le roi de Hongrie Sigismond avait accordé aux cigains établis sur son territoire des magistrats pris dans leur sein, et les cigains qui passaient en justice devant ces magistrats cigains prêtaient ce serment d’une rare impudence. Leur chef suprême, à ce moment, présenté par les délégués au Grand Palatin, était élu par lui, et ce chef troqua un moment son titre de Grand-Coesre contre celui d’Egregius. Ainsi s’appelait-il, comme tous les autres comtes. Les cigains purent croire à cette époque qu’on allait enfin leur permettre d’entrer dans la civilisation ; mais bientôt on devait les rejeter à leur existence vagabonde, et quand la maison d’Austrasie fut appelée au trône de Saint-Étienne (trône de Hongrie), ils eurent à subir les plus atroces persécutions et furent remis une fois de plus au ban de l’humanité.

{14} Les gitanes ont une foi entière en ces préceptes sacrés.

{15} C’est presque textuellement l’aventure de l’archiduc Jean d’Autriche (Jean Orth) et de sa fiancée, la petite Milly.

{16} On comprendra la terrible allusion à laquelle maître Henri se livrait dans sa divagation, si l’on veut se rappeler que « loup », en allemand, se dit « wolff », et que la famille impériale d’Austrasie est issue de Wolffsburg.

{17} Jude, c’est-à-dire chef, que la colonie bohémienne élit.

{18} L’événement n’est pas unique ; la baronne de Rahden a fait mieux. Devenue subitement aveugle du jour au lendemain, elle est entrée en piste, le lendemain, sur son cheval Czardas, aveugle lui aussi.

{19} Titre que portaient anciennement les chefs des Marches hongroises. Leurs pouvoirs étaient illimités.