2.

Chvéïk prépara un grog qui « était un peu là » et dépassait de loin ceux dont les vieux matelots ont le secret. Celui-ci était digne de rincer le gosier des pirates du XVIIIe siècle.

Le feldkurat en fut enchanté.

– Où avez-vous appris à faire des choses aussi épatantes ? demanda-t-il.

– En voyageant, répondit Chvéïk ; c’est à Brème qu’un vieux cochon de matelot m’a appris. Il m’a dit cent fois qu’un grog devait être assez fort pour que celui qui l’avait bu, s’il lui arrivait de tomber à la mer, fût capable de nager sans bouger un doigt à travers toute la Manche ; tandis qu’avec un grog pas assez fort dans le ventre, les buveurs étaient sûrs de se noyer comme un chiot.

– Avec un grog comme ça dans le corps, Chvéïk, notre messe ira toute seule, approuva le feldkurat ; je crois que je serai même assez en forme pour faire un discours d’adieux aux soldats. Une messe au camp n’est pas quelque chose d’aussi drôle que dans la chapelle de la prison de la place, ou qu’un sermon pour les canailles qui l’écoutent. À une messe pareille, on ne triche pas, il faut avoir les idées nettes. Notre autel de campagne, nous l’avons, c’est toujours ça. Il est pliant, un très chic exemplaire de poche. Jésus-Maria, Chvéïk ! gémit-il en se bourrant le front de coups de poings, mais nous sommes totalement idiots. Savez-vous où il est resté, notre autel pliant ? Dans le dessous du canapé qu’on a bazardé, bonté divine !

– Ça, il n’y a pas, c’est un malheur, dit Chvéïk ; je connais bien le marchand, mais j’y pense, j’ai rencontré sa femme avant-hier. Elle m’a dit que son mari était en prison à cause d’une armoire volée qu’il avait achetée, et que notre canapé était maintenant chez un instituteur à Varchovice. Ça nous fera toute une histoire, cet autel de camp. Ce que je propose, c’est de boire encore un grog et de nous mettre à sa recherche, parce que, à mon avis, il est impossible de dire une messe sans autel.

– C’est vrai, il nous faut absolument l’avoir ! dit le feldkurat d’un ton désespéré ; à part ça, tout est prêt au champ de manœuvres. On a déjà planté l’estrade. La monstrance, c’est le couvent de Brevnov qui doit nous la prêter. Pour ce qui est du calice, je dois avoir le mien, mais je ne sais plus ce qu’il est devenu.

Il réfléchit un instant et reprit :

– Supposons qu’il est perdu. Dans ce cas-là, je pourrais demander au lieutenant Witinger du soixante-quinzième de ligne sa fameuse coupe de sport. Dans le temps, il prenait part à des courses à pied et il a une fois gagné cette coupe comme premier prix offert par le Sport-Favori. C’était un champion comme on n’en voit pas tous les jours. Il a fait et d’ailleurs il s’en vante assez, les quarante kilomètres de trajet Vienne-Modling en une heure quarante-huit minutes. Je l’ai vu hier et c’est une affaire entendue entre nous, il me prête sa coupe qui fera un calice épatant. Il faut être un crétin comme moi pour remettre toujours à la dernière minute des préparatifs comme ça. Mais c’est bien fait pour moi. J’ai eu tort de ne pas ouvrir le compartiment du canapé avant de m’en séparer.

Sous l’influence de la recette du vieux cochon de matelot, expert en grogs, il se livra à un véritable examen de conscience, se décernant les titres des plus variés du règne animal et végétal.

– Il s’agira de se grouiller pour remettre la main sur notre autel de camp, dit Chvéïk ; il fait déjà jour. Je vais mettre mon uniforme et m’appliquer encore un grog.

Ils partirent enfin. En route, le feldkurat raconta à Chvéïk qu’il avait gagné la veille beaucoup d’argent aux cartes et que, si tout marchait bien, il pourrait bientôt dégager son piano du Mont-de-Piété.

Dans des moments comme celui-là, le feldkurat avait l’optimisme des païens toujours prêts à promettre des offrandes à leurs dieux, pour le cas où ceux-ci feraient réussir leur entreprise.

À moitié endormie, la femme du marchand de meubles leur donna l’adresse de l’instituteur, récent propriétaire du canapé. En récompense, le feldkurat fit preuve d’une prodigalité remarquable : il ne dédaigna pas de pincer la joue de la marchande et de la chatouiller sous le menton.

Tous deux partirent pour Verchovice, à pied, car le feldkurat avait déclaré qu’il voulait prendre un peu l’air, afin de changer ses idées.

Une légère surprise les attendait. L’instituteur ayant examiné le contenu du meuble le jour même où il l’avait acheté et y ayant découvert l’autel, avait cru à une manifestation de la volonté divine : en donateur généreux, il l’avait offert à l’église de Verchovice, le munissant de l’inscription suivante : « Don de François Kolarik, instituteur retraité, en l’an de grâce 1914, pour l’honneur et la plus grande gloire de Dieu. » Il resta donc perplexe devant la réclamation du feldkurat qui l’avait trouvé dans le plus intime négligé.

Les paroles de l’instituteur laissaient deviner qu’il avait tenu sa découverte pour miraculeuse, un avertissement de Dieu. Il raconta qu’une voix intérieure l’avait incité à fouiller le canapé, voix qui lui disait : « Va et regarde ce qu’il y a dans le compartiment. » Ce songe lui aurait aussi montré un ange lui donnant cet ordre péremptoire : « Ouvre tout de suite le compartiment du canapé ! » Il lui avait obéi.

En y voyant l’autel à trois parties avec une voûte pour le tabernacle, le brave homme était tombé à genoux et dans une copieuse prière avait remercié le bon Dieu de lui faire connaître ainsi sa volonté d’embellir l’église de Verchovice.

– Tout ça, je m’en moque, répondit le feldkurat ; vous avez trouvé une chose qui ne vous appartenait pas : il fallait la porter au commissariat de police au lieu d’en faire cadeau à une sacrée sacristie.

– Avec votre miracle, ajouta Chvéïk, vous pouvez avoir pas mal de fil à retordre. Ce que vous avez acheté, c’est un canapé et pas un autel militaire. Fallait pas vous en laisser accroire par les anges. Vous me rappelez un type de Zhor qui, en labourant son champ, avait trouvé un calice qu’un voleur devait y avoir caché en attendant qu’on ait oublié son sacrilège. Ce type, qui était dans votre genre, avait reconnu aussi là-dedans le doigt de Dieu, et, au lieu de fondre le calice pour en vendre l’or, s’en est allé trouver le curé dans l’intention d’offrir l’objet à l’église. Bonne idée, mais le curé a eu ses soupçons et, prenant le type pour le voleur qui serait revenu poussé par des remords, il l’a dénoncé au maire, et le maire aux gendarmes. À la fin des fins, malgré son innocence, il a été condamné pour sacrilège, surtout qu’il avait des miracles plein la bouche. Pour essayer de s’en tirer, il a cru malin de débiter des blagues sur les anges, et il a mêlé la Sainte Vierge à cette histoire ; total, dix ans de prison. Vous, ce que vous avez de mieux à faire, c’est de nous accompagner chez le curé pour qu’il nous rende un objet qui est la propriété de l’armée. Un autel de campagne, ce n’est pas un chat ou un bas russe, qu’on le distribue au premier venu.

En s’habillant, le vieil instituteur tremblait de tout son corps et claquait des dents.

– Je n’avais aucune mauvaise intention, messieurs, en vérité, je vous le jure ! J’avais cru seulement obéir à la volonté de Dieu en enrichissant d’un ornement notre pauvre église de Verchovice.

– Sur le dos de l’Intendance militaire, bien entendu, dit Chvéïk brutalement. Merci pour une volonté de Dieu comme ça. Un certain Pivonka de Chotebor avait cru aussi au doigt de Dieu, la fois qu’il avait trouvé sur la route un collier de vache et que ce collier entourait justement le cou d’une vache que personne ne gardait.

Le pauvre vieil instituteur fut totalement affolé par ces paroles et renonça à se défendre ; il ne pensait plus qu’à se vêtir au plus vite pour régler cette affaire pénible.

Les trois hommes trouvèrent le curé de la paroisse de Verchovice plongé dans un profond sommeil. Réveillé en sursaut, il pensa qu’on l’appelait pour administrer un malade et se mit à crier.

– Est-ce qu’ils ne me laisseront jamais la paix avec leur Extrême-Onction ! monologua-t-il en s’habillant à contre-cœur : ne peuvent-ils choisir pour mourir que le moment où je dors enfin ! Et avec ça, ils oseront encore marchander.

Le représentant du bon Dieu auprès des civils catholiques de Verchovice et le représentant de Dieu ici-bas et auprès des autorités de l’armée se rencontrèrent dans l’antichambre.

En somme, la question se réduisait à un différend entre un civil et un militaire.

D’une part le curé affirmait que le dessous d’un canapé n’était pas un endroit où loger un autel de campagne, d’autre part le feldkurat opinait que la place d’un autel de ce genre était encore moins dans une église exclusivement fréquentée par des civils.

Chvéïk jugea nécessaire d’émettre quelques observations. Il trouvait par exemple qu’il était très facile pour une pauvre église de s’enrichir comme ça aux dépens de l’Intendance militaire. Il eut soin de prononcer le mot « pauvre » entre guillemets.

Ils se rendirent enfin à la sacristie et le curé restitua l’autel pliant contre ce reçu en règle :

« Je soussigné, déclare avoir reçu un autel de campagne, qui était arrivé par hasard dans l’église de Verchovice. »

L’aumônier militaire : Otto KATZ.

L’autel de campagne sortait des ateliers de la maison juive Moritz Mahler à Vienne, fabricante d’objets nécessaires à la messe et d’articles de piété, comme, par exemple, chapelets et images saintes.

Comme toute pompe de l’Église, cet autel, composé de trois parties, brillait d’oripeaux criards.

Sans se fier à son imagination, personne n’aurait pu deviner ce que représentaient les images décorant les trois panneaux. Elles donnaient seulement l’impression de pouvoir servir aussi bien aux ministres de quelques cultes païens dans le Zambèze qu’aux Chamans des Bouriates et des Mongols.

Peint avec vulgarité, il ressemblait de loin à un de ces tableaux colorés dont se servent les médecins des compagnies de chemins de fer pour découvrir les employés daltonistes.

Une figure dominait, espèce d’être humain portant une auréole, nu et de couleur verdâtre comme le croupion de l’oie quand il est au premier degré de décomposition et commence à embaumer.

Flanqué de deux côtés par un personnage ailé censé représenter un ange, cet homme saint et nu ne supportait qu’avec horreur la compagnie que le peintre lui avait donnée, car les deux anges avaient l’aspect de dragons de contes de fées : c’était un ambigu de chat sauvage ailé et de bête d’Apocalypse.

Le deuxième panneau devait figurer la Sainte-Trinité. Pour la Colombe, le peintre ne risquait rien. Il avait simplement retracé un oiseau qui pouvait être une colombe tout aussi bien qu’une poule de la race de wyandottes blanches.

Mais, ce qui était propre à épouvanter, c’était Dieu le Père qui avait les traits d’un de ces sauvages brigands de l’Ouest qui sévissent dans les films américains.

Le Fils, tout au contraire, apparaissait jeune, allègre et bien portant, doué d’un embonpoint assez florissant et couvrant sa nudité d’une sorte de caleçon de bain. Il avait tout d’un sportsman. Il soutenait sa croix d’un geste d’une suprême élégance comme s’il tenait une raquette de tennis.

De loin, tout se fondait en une tache évoquant l’entrée d’un train dans une gare.

Quant au troisième panneau, il était absolument impossible d’en comprendre le sujet.

Les opinions, à son propos, des soldats exposés à contempler ce chef-d’œuvre tout le long d’une messe, étaient partagés et s’égaraient dans les suppositions les plus fantaisistes. Un soldat reconnut un jour dans cette peinture un paysage de la Sazava.

Une inscription au bas du panneau limitait seule les conjectures. On y lisait : « Heilige Marie, Mutter Gottes, erbarme Dich unser. »{38}

Chvéïk héla un fiacre, y installa l’autel et le feldkurat, et monta lui-même à côté du cocher.

Le cocher était une âme subversive. Il se permettait des remarques très désobligeantes sur « la victoire des armes autrichiennes », disant par exemple : « Ce qu’on vous a balancé de Serbie, là-bas, non, quelle vitesse ! »

À l’octroi, Chvéïk répondit à l’employé qui lui demandait ce qu’il y avait dans la voiture :

– La Sainte Trinité et la Vierge avec mon feldkurat.

Pendant ce temps-là les compagnies prêtes à partir pour le front attendaient avec impatience l’arrivée du feldkurat. Mais celui-ci était loin d’avoir rassemblé tout ce qui lui manquait encore pour la cérémonie. Aussi la voiture les conduisait-elle sans désemparer chez le lieutenant Witinger, qui devait prêter sa coupe de sport ; il fallait aussi s’arrêter au couvent de Brevnov pour y prendre la monstrance et le ciboire, ainsi qu’une bouteille de messe.

– Tu comprends, dit Chvéïk au cocher, ça a l’air d’un travail à la va-comme-je-te-pousse, mais il y a tant de fourbis qu’on ne peut pas penser à tout.

Et il n’avait que trop raison, car, en arrivant au champ de manœuvres, au pied de l’estrade où devait se dresser l’autel, le feldkurat s’aperçut qu’il était dépourvu d’enfant de chœur…

Le feldkurat avait coutume de confier ces fonctions à un fantassin, téléphoniste du génie, mais celui-ci avait préféré aller au front.

– Ça ne fait rien, monsieur l’aumônier, lui dit Chvéïk, je peux bien le remplacer.

– Et est-ce que vous vous y connaissez au moins ?

– Non, monsieur l’aumônier, mais il faut toujours essayer tout. C’est la guerre et aujourd’hui des gens font certaines choses auxquelles ils n’auraient jamais pensé auparavant. Je ne suis pas assez bête pour ne pas savoir lâcher un et cum spiritu tuo en réponse de votre Dominus vobiscum. C’est pas si difficile que ça de tourner autour de vous comme un chat autour d’une assiette de purée chaude. Et je suis parfaitement capable de vous laver les mains et de vous verser du vin de la burette…

– Ça pourra aller, dit le feldkurat, mais je vous préviens qu’avec moi il faut mettre du vin aussi dans la burette à eau ; occupez-vous en tout de suite, voulez-vous ? Du reste, je vous ferai toujours signe de passer à droite ou à gauche, suivant que j’aurai besoin de vous. En sifflant, tout bas, bien entendu, – une fois, ça voudra dire « à droite », en sifflant deux fois ce sera « à gauche ». Quant au livre de messe, pas la peine de le transbahuter tout le temps, enfin, vous verrez. En somme, tout ça, c’est une bonne farce. Vous n’avez pas le trac ?

– Je ne crains rien au monde, pas même quand je dois servir la messe.

Le feldkurat avait raison en disant que tout cela n’était pour lui qu’une bonne farce. Tout marcha comme par enchantement. Le discours du feldkurat fut très succinct.

– Soldats, dit-il, avant notre départ pour le front, nous nous rassemblons ici pour élever nos cœurs vers Dieu, pour le prier de nous donner la victoire et de nous garder sains et saufs. Je ne veux pas vous retenir plus longtemps et je vous souhaite très bonne chance.

– Repos ! commanda le vieux colonel.

Les messes de camp portent ce nom parce qu’elles sont régies par les mêmes lois que les opérations en campagne. Pendant la guerre de Trente ans elles se distinguaient par leur longue durée, sans doute en proportion avec la durée de la guerre.

D’accord avec la tactique contemporaine qui exige que les mouvements des armées soient prestes et rapides, les messes de camp doivent nécessairement obéir au même rythme.

Celle du feldkurat dura juste dix minutes. Les soldats les plus rapprochés de l’autel furent très étonnés de s’apercevoir que l’officiant sifflait.

Chvéïk mit beaucoup d’adresse à évoluer suivant les signaux convenus, passant de la gauche à la droite de l’autel, et ne disant autre chose que « Et cum spiritu tuo ».

Ces trémoussements évoquaient une danse indienne autour de la pierre du sacrifice. Ils eurent cependant l’effet salutaire de faire passer aux soldats l’ennui que leur inspirait le morne et poussiéreux champ de manœuvre avec une allée de pruniers à l’horizon et, malheureusement beaucoup moins loin, une rangée de latrines qui exhalaient leur odeur, destinée sans doute à remplacer le parfum des encensoirs.

Les soldats rigolaient ferme. Les officiers groupés autour du colonel se racontaient des petites histoires piquantes. De temps en temps on entendait un des hommes dire :

– Passe-moi une bouffée.

Et la fumée des cigarettes montait vers le ciel comme la fumée d’un bûcher rituel. Comme le colonel avait allumé un cigare, tous les sous-officiers l’imitèrent.

Enfin le commandement strident de Zum Gebet{39} perça l’air poussiéreux, et tout le carré d’uniformes gris plia le genou devant la coupe de sport du lieutenant Witinger.

Le calice était rempli à ras bord, et le geste énergique qu’eut le feldkurat pour le vider suscita dans l’opinion publique une réaction exprimée par la phrase suivante :

– Comme il y est allé pour s’envoyer son pinard !

Le feldkurat refit encore par deux fois son geste si suggestif. Par deux fois, aussi, le commandement « À la prière ! » retentit aux oreilles des soldats, et la musique entonna enfin « Dieu protège notre Empereur… » La messe était finie.

– Ramassez-moi tous ces trous, dit le feldkurat à Chvéïk en montrant du doigt l’autel pliant, la monstrance, le ciboire et le « calice » ; il s’agit de rendre les objets prêtés.

Le cocher, loué pour toute la matinée, les reconduisit chez leurs « fournisseurs » qui rentrèrent en possession de leur bien, à l’exception cependant de la bouteille de vin.

De retour au logis, après avoir invité le cocher à se faire payer au commandement de la place de Prague, Chvéïk demanda au feldkurat :

– Je vous déclare avec obéissance, monsieur l’aumônier, que je voudrais bien vous poser une question : Est-ce que l’enfant de chœur doit être de la même confession religieuse que l’officiant ?

– Parbleu, répondit le feldkurat, sans cela la messe est nulle.

– Dans ce cas, monsieur l’aumônier, il est arrivé un accident bien regrettable, car moi, je suis sans confession. C’est bien ma guigne, ça !

Le feldkurat observa Chvéïk quelque temps sans rien dire. Puis, il lui frappa l’épaule et lui dit :

– Je vous autorise à finir le vin de la messe, il en est resté un peu dans la bouteille ; quand vous l’aurez bu, vous pouvez vous considérer comme rentré dans le sein de l’Église.