Elle et toi

 

Pour Martine

 

Que vienne mordre la douce nuit d’avril

brumeuse argentée

la mienne amie délie ses cheveux

leurs flammes se mêlent aux herbes neuves

le blond est salissant

ma femme à tous les vents se lave

quand frissonne son corps lisse

les pépins blancs de sa peau germent au soleil

elle m’aime dit-elle ?

elle-même tristesse et fête pêle-mêle

elle est belle pour elle

pour vivre unique

ma femme a froid pour fleurir nue

libre à peine

moins seule.

* * *

Tourbillon d’inconnu tu dérives

autour d’un rire je vais à toi par mille vertiges

les gestes les danses te distillent et te changent

pas à pas tu animes

immobile un mûrissement d’espace

telle qu’un liquide ou cristal varient par l’éclairage et selon l’angle

tes portraits se contredisent

es-tu toujours la même

si les miroirs se troublent

et si tu pars mes lèvres mortes

ne sauront plus boire tes reflets

* * *

 

Mienne autant qu’il te plaira

Amie que j’ai rêvée mais

Réelle aujourd’hui

Tu imposes ton

Image exacte et

Nul ne pourrait

Egarer ta présence

* * *

 

Chair entrebâillée

sur l’infinie proximité du vide

tu prends forme

soleil à corps perdu

parce que ton épaule a l’odeur du soleil

je n’ai pas oublié les enterrements du soir

parfois

un peu après midi

on se trouve au milieu d’une plaine sans arbre

on voudrait alors crier dans la plaine aux chemins gris

dans la poussière uniforme

ta peau garde la douceur du sel et du sable chaud

j’ai suivi les pistes des caravanes

j’ai parcouru ton corps sous le soleil.

* * *

 

La suie concrétise l’émotion du départ

cristallise l’absence

pierre à pierre les façades noircies

telles qu’à peine surgies des cendres

les brumes en distillent les ombres

je t’accompagne absente

je veille à toi parmi les foules du soir sous les dédales des néons

tes lettres soufflent un fouillis de rues désertes

la neige émiette nos paysages

tu arpentes sans savoir les pavés de l’histoire

et les toiles du futur où les araignées brodent

ton coeur

se love au creux des autoroutes

les orages de la contrée s’enfuient

sans t’effleurer.