La mémoire est une cuisine capricieuse
aux saveurs variables
d’abord trop crue
on la retrouve plus tard cuite et recuite
telle qu’il vaudrait mieux s’en défaire
mais nul ne sait comment
des histoires mûries en nous-mêmes se mêlent aux rumeurs
réalités et songes s’entrelacent puis s’embrouillent
se soutiennent ou s’opposent
les abords du désastre nous attirent
l’hésitation nous parcourt de long en large
chacun porte en soi un peu des personnes qu’il côtoie
il y trouve des modèles des exemples
des expériences profitables aux esprits inquiets
mais avec le temps les visages s’usent
tels des galets roulés par les marées
tout est à rejeter
ou rien
ou seulement l’écume
je voudrais par quelques portraits
payer si possible une partie de mes dettes
et marquer mes entailles sur l’oubli