Le mois de février venait de finir. Mars, aux giboulées fantasques, se levait au septentrion. Par un de ces caprices dont il est coutumier, son premier soleil brillait radieux ce jour-là.
Toute la population de Perros-Guirec se pressait sur le port. On était venu en foule de Lannion, de Guingamp, de Saint-Brieuc, de Morlaix.
À l’entrée du port, des tribunes étaient dressées pour les autorités, avec des mâts et des banderoles multicolores. Quatre compagnies de fusiliers-marins, venus de Brest, un bataillon d’infanterie, huit brigades de gendarmes, ajoutaient à la magnificence de la fête.
Au premier rang des tribunes s’asseyaient le recteur de Louannec, le maire, le notaire Duguer, l’instituteur et le docteur Bénédict. Ils avaient bien mérité cet honneur.
Une seule personne manquait à la fête, une pauvre mère en larmes qui, à la même heure, priait auprès d’un grand cercueil de bois de fer, doublé de plomb, déposé, entre des cierges, dans la nef de l’église neuve de Louannec, en attendant le service solennel qu’on y célébrerait le lendemain. Car, depuis la veille, la baleinière de la Némésis avait apporté sur la rive du bourg la dépouille mortelle d’Yves Plonévez, tombé dans l’apothéose d’une réhabilitation, et cette dépouille allait dormir son éternel sommeil dans la terre sacrée de la patrie, près des os des obscurs héros qui l’y avaient précédée.