Je ne détaillerai pas le reste des faits et gestes de M. Hoopdriver à Guildford, dans ce grand jour d'inauguration de son congé annuel. On ne trouvera pas mention ici de ses évolutions par la vieille ville, au crépuscule, ni de son ascension au « dos du Cochon » pour voir s'allumer presque ensemble, les uns au-dessous, les autres au-dessus, les petits réverbères et les petites étoiles ; de son retour, ensuite, à l'hôtel et café du Marteau Jaune ; de la façon dont il soupa bravement dans la grande salle, et se joignit à la conversation générale sur la direction des ballons et sur les possibilités futures de l'électricité, attestant que la direction des ballons « finirait sans faute par être trouvée », et que l'électricité était décidément une chose « merveilleuse, merveilleuse » ; de la façon dont il suivit la partie de billard, conseillant plusieurs fois : « bille en tête » ou « par la bande », d'un ton oraculaire ; et de la façon dont il se sentit des envies de bâiller, et de la façon dont cependant il ouvrit sa carte routière, et l'étudia attentivement. Je ne vous dirai pas non plus, par le menu, comment il alla s'installer dans le salon et marqua d'un petit trait, tracé avec la plus rouge des encres rouges, la route de Londres à Guildford, ni comment il inscrivit sur le feuillet de son carnet les heures de départ et d'arrivée, la distance parcourue et la vitesse moyenne à l'heure.
Non, je vais passer par-dessus tout cela. Mais un moment vint où les envies de bâiller furent si fortes que, bien à regret vraiment, il dut se résigner à clore cette grande et splendide journée. Hélas ! Pourquoi faut-il que les journées prennent fin ? À une amicale petite femme de chambre, dans le vestibule, il demanda sa bougie, monta l'escalier, et pénétra dans sa chambre, retraite intime où un romancier discret, et qui, en outre, se pique d'écrire pour le cercle familial, ne se permettra point de le suivre. Du moins dois-je encore vous dire qu'il s'agenouilla au pied de son lit, heureux et somnolent, et qu'il récita sa prière tout à fait avec les mêmes abréviations et intonations qu'il avait apprises de sa mère vingt ans auparavant.
Mais à présent que sa respiration est devenue profonde et régulière, nous pouvons bien nous glisser un moment dans sa chambre et le surprendre à ses rêves. Il est couché sur le côté gauche, le bras sous l'oreiller. Malheureusement la pièce est noire, et son visage est tout caché sous les draps. C'est dommage : car si vous aviez pu entrevoir ce visage, certainement vous vous seriez aperçu, en dépit de la moustache si précieuse aux rares poils ébouriffés, en dépit même des paroles un peu malsonnantes sorties, naguère, de dessous cette moustache, que l'homme étendu devant vous n'était, après tout, qu'un petit enfant endormi.