Le Polonais Bolenski, une fois que, grâce aux soins du capitaine Wad, il eut repris l'extérieur d'un gentleman, conquit promptement la sympathie de tous ; le forçat évadé se révéla comme un homme d'intelligence et de cœur, et comme un véritable savant ; d'ailleurs, le premier soin de ses amis fut de ne pas le laisser dans la situation précaire où il se trouvait.
Un matin, le boy qui était spécialement affecté à son service lui remit trois lettres, ce qui ne laissait pas de le surprendre ; il se demanda quel correspondant assez bien informé avait pu découvrir déjà sa nouvelle retraite.
Il ouvrit la première lettre, d'où tomba un chèque de cent livres. Elle était du capitaine Wad qui lui expliquait avec toutes sortes de précautions oratoires qu'un poste d'ingénieur géomètre venant de se trouver vacant il avait cru lui être agréable en le désignant pour le remplir.
Les appointements étaient de deux cents livres et il joignait à sa lettre six mois d'avance pour parer au plus pressé.
Enchanté des façons aussi délicates que généreuses du capitaine, Bolenski ouvrit la seconde lettre et sa surprise s'accrut en découvrant qu'elle contenait un chèque de mille livres payable à vue sur la banque royale des Indes.
Cette seconde missive portait la signature de Ralph Pitcher. Le naturaliste y racontait, en phrases assez confuses et entortillées, qu'il se trouvait redevable d'une somme importante à l'ingénieur Darvel et que, ce dernier n'ayant pu indemniser le Polonais des dommages matériels et moraux qui étaient résultés de la rupture de leur association, lui, Pitcher, se substituait à son ami et se mettait à la disposition de Bolenski pour telle somme qui pourrait lui être utile.
– Je n'avais pas besoin de cela, murmura le Polonais avec émotion, pour savoir que M. Pitcher était un brave cœur ; on dirait que ces honnêtes gens se sont donné le mot pour signer ces chèques à mon intention.
Tout en parlant ainsi, il faisait sauter d'un coup d'ongle le cachet de cire noire de la dernière enveloppe.
Il demeura stupide d'étonnement en y trouvant un troisième chèque qui, celui-là, était de dix mille livres.
La lettre était de miss Alberte ; en quelques phrases, dont nulle n'aurait pu blesser la susceptibilité la plus chatouilleuse, la jeune fille priait l'ingénieur Bolenski d'entrer au service de la banque Téramond qui, pour l'exploitation des champs d'or, avait besoin d'hommes d'une haute compétence.
Bolenski se frotta les yeux pour bien s'assurer qu'il ne rêvait pas tout éveillé, puis il descendit allégrement l'escalier qui aboutissait à la salle à manger de la résidence.
Déjà ses amis y avaient pris place.
– Dépêchez-vous donc, dit le capitaine, nous allions commencer sans vous.
– Je vous fais toutes mes excuses, dit malicieusement le Polonais, mais j'avoue que j'étais retenu par l'importance de mon courrier de ce matin.
« Figurez-vous que j'ai reçu, en même temps qu'une liasse de chèques, plusieurs propositions fort avantageuses.
Les trois convives levèrent la tête d'un même mouvement.
– Mes chers amis, continuait-il en posant à côté de lui les trois lettres et les trois chèques, vous vous êtes rencontrés tous trois dans la même pensée généreuse… Je vous en serai toujours reconnaissant : mais véritablement il m'est impossible d'accepter…
Une discussion s'engagea ; mais, en dépit de sa résistance, Bolenski n'y eut pas le dessus.
On le força de garder les chèques et, après s'être fait beaucoup prier, il finit par y consentir, avec cette restriction :
– Vous me faites là une véritable violence morale ; mais je tiens au moins à ce que cet argent soit employé à l'installation d'appareils perfectionnés pour la photographie astrale. Il est absolument essentiel que nous ayons ici le même outillage dont j'ai disposé quelques semaines, pendant mon séjour au Japon.
Miss Alberte eut un sourire.
– Vous vous y prenez un peut tard, monsieur l'ingénieur, murmura-t-elle railleusement.
– Pourquoi cela ?
– Parce que les appareils que vous désirez ont été déjà commandés et sont en chemin !
À cette nouvelle, Bolenski laissa éclater une joie bruyante, il en oublia pour quelques minutes la lutte de désintéressement qu'il soutenait contre ses amis.
– Allons, s'écria-t-il avec enthousiasme, tout va bien ; nous allons pouvoir nous mettre à l'œuvre immédiatement, puis il ajouta avec une nuance de tristesse :
– Pourvu que Robert Darvel ne se soit pas découragé, qu'il n'ait pas cessé de faire ses signaux !
– Pour cela, j'en réponds, répliqua Pitcher, notre ami Darvel a donné maintes fois des preuves de sa ténacité ; il sait mieux que personne que ce n'est pas du jour au lendemain que ses signaux peuvent être aperçus des astronomes de la terre.
« Comme je le connais, il est homme à continuer ses tentatives de communication interastrale pendant des années, s'il le faut.
« Il doit y mettre d'autant plus de persévérance qu'il a résolu les deux points les plus difficiles du problème : il a atteint la planète, il a trouvé le moyen de rendre ses signaux visibles.
– Comment a-t-il pu bien faire ? interrompit miss Alberte.
– Je ne saurais trop vous le dire ; cependant, d'après l'aspect des signaux, les lignes lumineuses très nettes qu'il trace sur le front ténébreux de l'astre, je suppose qu'il a trouvé là-bas de puissantes sources d'énergie et de lumière qui ne peuvent guère être empruntées qu'à l'électricité.
Pendant cette conversation, le capitaine Wad était demeuré silencieux et pensif.
– C'est dommage, dit Ralph, que l'on ne puisse faire savoir à Robert que ses signaux ont été aperçus.
– Il y aurait peut-être quelqu'un, dit l'officier, qui pourrait faire ce que vous dites.
– Qui donc ?
– Le brahme Ardavena.
« Malheureusement, depuis l'inexpliquée catastrophe du monastère de Chelambrun, il reste plongé dans une sorte de coma, il est devenu à peu près idiot.
– Qui sait ? murmura miss Alberte.
– Nous verrons, reprit le capitaine, mais avant de nous occuper de lui, je crois qu'il y aurait une chose plus importante à faire.
« M. Bolenski n'a pas encore essayé de coordonner, pour en tirer une traduction, les fameuses photographies.
– Comment vouliez-vous que je le fisse ? répliqua le Polonais. Cela m'était impossible.
« Tout le temps que je ne passais pas devant mes appareils, ne dormant pas, ne mangeant pas, j'étais espionné par les Japonais. Je ne voulais pas qu'ils me dérobassent mon secret.
« Tout ce que j'ai pu faire, c'est de numéroter et de classer les épreuves avec le plus grand soin.
– Mais sur le bateau ? interrogea miss Alberte.
– Cela ne m'a pas été plus facile, je ne me serais pas hasardé à commencer un travail aussi délicat dans la promiscuité d'une cabine de troisième classe, au milieu d'émigrants grossiers et brutaux, sous le heurt incessant du roulis et du tangage.
– Je vous comprends. Mais depuis que vous êtes ici ?
– Mademoiselle, pour vous dire le fond de ma pensée, je n'ai pas osé entreprendre la lecture, pourtant sans doute très facile, des signaux martiens.
« Il me semble que je vais pénétrer avec effraction dans un mystérieux sanctuaire, que je vais connaître des choses interdites à l'homme, cueillir le fruit de l'arbre de la science.
« Je tremble à l'idée de ce que vont m'apprendre ces signaux, qui ont traversé des milliers de lieues, avec la stupéfiante vitesse d'un rayon de lumière.
« Je veux que vous soyez tous là pour cette lecture, du premier message expédié d'un astre à l'autre, par le génie de l'homme.
Bolenski avait prononcé ces paroles d'un ton solennel, son émotion, sa religieuse terreur, au seuil du mystère, s'emparait de ses amis.
– Eh bien ! soit, dit miss Alberte.
« C'est ensemble, unis par la même pensée, que nous commencerons la traduction du document.
« Mais ce serait un crime de la retarder davantage. Pourquoi ne serait-ce pas aujourd'hui même ?
– Comme il vous plaira, reprit Bolenski, je ne serai pas fâché pour mon compte d'être délivré de cette incertitude, de ces angoisses…
Le capitaine Wad frappa sur un gong, un boy apparut, puis, sur un ordre bref en langue sanscrite donné par l'officier, il revint chargé de la valise aux photographies.
Tous se rapprochèrent, mus par une puissante curiosité.
Bolenski tremblait un peu, quand il prit un des paquets d'épreuves et qu'il coupa les ficelles qui les liaient.
Mais tout à coup il poussa une exclamation de colère, de surprise et de désespoir.
Les épreuves, pourtant soigneusement fixées, n'offraient plus maintenant qu'une surface uniformément noire, sans un détail, sans un trait, sans une tache.
Un terrible silence plana quelques instants dans la salle.
La gorge étreinte par l'angoisse, tous regardaient avec effarement, incapables de prononcer une parole, comme si la foudre, tout à coup, était tombée au milieu d'eux.
Bolenski était livide, peut-être un seul des paquets d'épreuves avait-il était ainsi détérioré.
Il en prit un second, puis un autre, puis encore un autre : tous étaient noircis sans remède.
– L'électricité seule, dans certains cas, peut produire de pareils effets, murmura Ralph Pitcher.
– Mais, s'écria Bolenski, chez qui l'abattement faisait place à la colère, mes épreuves étaient hier au soir encore intactes.
« Je ne m'explique pas cela…
– Il y a autre chose, dit le capitaine Wad cette destruction des épreuves se produisant précisément le jour où nous en avons besoin est, dans ces conditions, inexplicable, si elle n'est due à la malveillance.
– Mais, demanda le Polonais, qui pourrait donc avoir intérêt ?…
– Un seul homme au monde : Ardavena. Mais vous le disiez fou ?
– Il doit être guéri et lui seul possède le pouvoir de produire ces catastrophes invraisemblables.
« Mais nous allons le savoir : le monastère où il est interné n'est qu'à quelques lieues d'ici, mon automobile nous y conduira en un quart d'heure.
Tous se levèrent, ils avaient hâte d'avoir enfin la clé de l'angoissant mystère qui paraissait devenir de plus en plus impénétrable, à mesure qu'ils s'efforçaient de le percer.
Bientôt, l'auto du capitaine où ils s'étaient entassés au hasard fila à toute vitesse par la route poudreuse bordée à droite et à gauche de hautes forêts de palmiers.
On n'en était plus qu'à deux ou trois kilomètres, quand le capitaine Wad, qui avait pris sa jumelle et regardé distraitement l'horizon, la rejeta avec un cri de surprise.
– Que se passe-t-il donc ? demanda Bolenski.
– Je ne sais, dit l'officier avec agitation ; mais un grand nuage de fumée plane au-dessus des bâtiments, des gens s'enfuient ; un incendie vient de se déclarer dans le monastère et j'ai tout lieu de croire que cet événement coïncide avec la détérioration de vos épreuves et a trait au sort de l'ingénieur Darvel.
Sur un signe de son maître, le chauffeur indigène mit l'auto à la troisième vitesse ; quelques minutes plus tard, il stoppait au milieu d'une foule consternée, en face des bâtiments du monastère d'où maintenant une haute colonne de flammes jaillissait avec de sinistres crépitements.
À la vue du résident, les Hindous s'écartèrent respectueusement et il put approcher et obtenir des renseignements sur le sinistre.
Un vieil Hindou lui affirma que c'était le tonnerre qui avait allumé l'incendie.
– Tu te moques de moi, répliqua le capitaine, le ciel est d'un azur parfaitement limpide, il n'a certainement pas dû tonner.
« Il y a autre chose.
– Je vous jure pourtant, seigneur, dit le vieillard, et tout le monde vous dira comme moi, que nous avons vu passer un long éclair blanc et que nous avons entendu une détonation épouvantable.
L'officier, d'abord incrédule, finit par se rendre à l'évidence : tous les Hindous qu'il interrogeait en les menaçant de la bastonnade en cas de mensonge furent unanimes dans leurs témoignages.
Cependant, grâce à la présence du résident, les secours s'étaient organisés, un bataillon de cipayes, accouru du fort voisin, avait mis deux pompes en batterie.
On ne tarda pas à être maître du feu qui, après avoir dévoré les charpentes et les hangars, où était entassée de la paille de riz, se trouva arrêté par l'épaisseur des murs construits de blocs massifs.
Dès que cela fut possible, avant même que le feu fût complètement éteint, le capitaine et ses hôtes s'avancèrent vers la cellule qu'occupait Ardavena dans ce monastère.
Mais il était dit que ce jour-là ils continueraient à marcher de surprises en surprises.
Une sorte de puits circulaire, aux bords noircis par la flamme, marquait seul la place de la cellule du vieux brahme, dont le toit avait été effondré et brûlé.
Des fragments de cervelle, de hideux débris encore adhérents à la pierre, ne laissaient aucun doute sur le sort qu'il avait subi.
– Mes amis, s'écria le capitaine Wad d'une voix palpitante d'émotion, je m'explique maintenant certaines choses.
« Ce n'est pas la foudre qui a allumé cet incendie.
« C'est un bolide !
« Et ce bolide vient certainement de la planète Mars.
L'officier ne s'était pas trompé.
La masse météorique, qu'à cause de sa rapidité et de son incandescence les Hindous avaient prises pour un éclair, avait effondré successivement, en les traversant avec une effroyable puissance de pénétration, trois solides voûtes de pierre, elle avait frappé au passage le brahme accroupi sur sa natte.
Miss Alberte et ses compagnons demeurèrent silencieux, ils sentaient qu'ils étaient entraînés dans un cycle de faits merveilleux dont ils n'étaient pas les maîtres ; ce fut Ralph Pitcher qui reprit le premier la parole.
– Il faut absolument trouver ce bolide, déclara-t-il, si surtout comme vous le supposez il vient de la planète Mars.
– Mais qui peut vous faire croire cela ?
– J'ai toutes sortes de raisons que je vous expliquerai.
« Vous verrez que je ne me suis pas trompé.
Guidés par un boy, ils gagnèrent les étages inférieurs, dont les voûtes de granit avaient été traversées par le projectile, qui avait laissé un trou aussi net que s'il eût été fait à l'emporte-pièce ; mais il leur fallut aller jusqu'à la crypte pour trouver le bolide.
Ils ne virent d'abord qu'une masse allongée verticalement enfoncée dans le sol et qui, rougie à blanc, répandait une suffocante chaleur. Mais, à la grande surprise des trois savants, ce bizarre aérolithe offrait une forme parfaitement régulière, on eût dit une olive allongée ou un énorme cigare très court ; il n'était pas composé de roches ou de minerai inerte, comme le sont en général les météorites.
Malgré l'impatience du capitaine et de ses amis, il leur fallut attendre que le bloc échauffé par le formidable frottement atmosphérique se fût refroidi pour qu'ils pussent en approcher.
Enfin, avec de grands efforts, grâce à une escouade de cipayes armés de leviers, le projectile planétaire put être arraché de l'alvéole qu'il s'était creusé et transporté dans une cour intérieure. On put alors se rendre compte qu'il était creux intérieurement, et que l'un de ses orifices évidé comme le goulot d'un flacon, portait les traces d'un pas de vis et d'un ressort qui avait dû servir à assujettir un couvercle.
– Mes amis, dit le capitaine d'une voix émue et solennelle, nous nous trouvons en présence d'un fait d'une capitale importance.
« Ce bolide n'est autre chose que le projectile dont les notes de l'ingénieur Darvel renferment une description exacte.
– Mais, interrompit Ralph, comment alors expliquer qu'il soit vide, et surtout qu'il soit tombé précisément sur Ardavena ?
« Croyez-moi, ce n'est pas là un simple hasard.
– Assurément non, reprit le Polonais, mais voulez-vous me permettre de donner mon explication ?
– Pour mon compte, dit Ralph, je n'en vois pas.
– Nous n'en aurons probablement jamais une exacte ; mais essayons, tâchons de grouper les faits.
« Pour moi, une chose qui ne fait pas l'ombre d'un doute, c'est qu'Ardavena ne soit arrivé à guérir complètement de sa folie ; c'est lui sans nul doute, qui a détruit nos épreuves photographiques par méchanceté ou jalousie.
« C'est encore lui qui a dû faire revenir sur la terre cette olive d'acier.
« C'était sans doute le pouvoir de sa volonté qui l'avait lancée vers Mars et il demeurait en communication avec ce morceau de métal par le fluide volitif attaché aux molécules du métal ; comme il l'avait fait partir, il a pu le faire revenir.
– Je ne vois pas cela si clairement, objecta Ralph Pitcher ; si cela était, il ne se serait pas fait tuer aussi sottement.
– C'est qu'il n'a pas réfléchi sans doute que l'olive, attirée par son énergie volitive, devait arriver directement, avec une vitesse accrue par les lois de l'attraction jusqu'à la source même de cette énergie, c'est-à-dire à son propre cerveau.
« Quant à l'intention à laquelle il a obéi, je ne saurais la dire : il ne faut pas nous flatter d'y voir jamais complètement clair, dans ces ténèbres.
« Peut-être a-t-il voulu priver Darvel du véhicule qui pouvait lui faciliter son retour sur la Terre ? Peut-être avait-il établi une communication avec lui ?…
– Je crois, moi, que nous ne saurons jamais, murmura le capitaine Wad d'une voix sourde.
« Mais il y a une chose certaine, pour moi.
« Désormais, j'en suis sûr, nos épreuves ne seront plus détériorées par des mains invisibles. La mort d'Ardavena nous délivre d'un ennemi redoutable.
– Pourvu, murmura Pitcher, que notre ami ait continué ses signaux.
Nous le saurons dans quelques jours…
Il fallut s'en tenir à cette conclusion et regagner la résidence où l'olive d'acier fut transportée avec précaution. Le capitaine se réservait de questionner certains serviteurs de Chelambrum qui avaient peut-être eu l'occasion de voir le projectile dans le laboratoire de Robert Darvel.
Cependant, deux jours ne s'étaient pas écoulés, que les appareils délicats et coûteux de la photographie interplanétaire arrivaient de Karikal dans un fourgon automobile.
Bolenski, aidé de Ralph Pitcher, passa toute la journée à les disposer convenablement sur une des terrasses de la résidence.
Ce ne fut pas sans émotion que les premières plaques apportées par Ralph furent soumises à l'action des révélateurs.
– Il y a des signaux, s'écria le capitaine Wad, je l'aurais parié, depuis que ce coquin d'Ardavena est mort.
– J'espère, fit miss Alberte, très nerveuse, que nous ne commettrons pas la même imprudence que M. Bolenski ; je veux me charger moi-même du soin de relever avec l'heure exacte les traits et les points qui constituent l'alphabet Morse.
Et gravement, elle prit place en face du bureau du capitaine Wad et commença à noter les indications que lui dictait lentement Ralph Pitcher.
Tous étaient profondément émus.
Tout à coup, le capitaine Wad qui, debout derrière la jeune fille, épelait à mesure les caractères, s'avança en proie à une agitation extraordinaire.
– Mes amis, déclara-t-il d'une voix solennelle, nous ne nous étions pas trompés dans nos prévisions, l'ingénieur est bien vivant et il habite Mars ; c'est nous qui avons l'honneur d'enregistrer le premier télégramme entre les deux planètes…
Et il commença en scandant lentement les syllabes :
RO-BERT DAR-VEL…
La communication entre Mars et la Terre était établie !